Un journaliste arrêté et bastonné par des agents gouvernementaux
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Reporters sans frontières proteste contre les graves brutalités dont a été victime Ayodele Ale, de l'hebdomadaire privé The Saturday Punch, le 4 mars 2005, lorsqu'il a été interpellé par des paramilitaires chargés par l'Etat de Lagos de lutter contre les atteintes à l'environnement.
« Dans le pays du président en exercice de l'Union africaine (UA), les brutalités contre les journalistes sont décidément trop fréquentes, a déclaré Reporters sans frontières. Lorsque ce ne sont pas les agents du State Security Service (SSS) qui effectuent des razzias dans les rédactions, ce sont les policiers qui chargent les professionnels des médias en plein meeting électoral. Le président Olusegun Obasanjo doit s'inquiéter des abus de pouvoir impunément exercés par ses fonctionnaires. L'agression d'Ayodele Ale est intolérable dans un pays qui se targue d'être un géant du continent et un faiseur de paix. »
Ayodele Ale, reporter de The Saturday Punch, édition hebdomadaire du quotidien à grand tirage The Punch, a été arrêté et brutalisé par des agents de la brigade paramilitaire Kick Against Indiscipline (KIA), alors qu'il était en reportage à Sabo, dans le quartier Yaba de Lagos. Le journaliste s'était rendu sur le bord d'une autoroute pour observer la manière dont les agents du KIA interpellent les personnes qui traversent sans emprunter le pont construit pour les piétons. Alors qu'il prenait des photographies, le journaliste a été encerclé par des agents du KIA, qui l'ont entraîné sans ménagement jusqu'à la Customary Court du quartier Akerele, à Surulera, Lagos.
Selon son témoignage, l'un des agents du KIA nommé Lefo, qui s'apprêtait à détruire son appareil photo, s'est mis en colère lorsque le journaliste l'a mis en garde. Lefo a alors appelé plusieurs collègues armés de bâtons, qui l'ont roué de coups avant de le jeter, blessé, dans une cellule, en compagnie d'autres détenus. Ayodele Ale n'a été relâché qu'après plusieurs heures de détention, après avoir pu alerter sa rédaction par téléphone.
L'interpellation d'Ayodele Ale a été relatée dans The Saturday Punch du 5 mars, accompagnée de photographies de ses blessures. Le KIA a reconnu l'incident, affirmant toutefois que le journaliste avait été brutalisé par un dénommé Rotimi, qui n'appartient pas à la brigade spéciale.
Le programme KIA a été lancé fin 2003 par les autorités de Lagos, avec l'appui des forces armées, avec l'objectif de « restaurer la propreté environnementale de la ville et sa gloire perdue », selon Tunji Bello, le commissaire à l'environnement de l'Etat. Le but de cette campagne est, par exemple, de chasser les vendeurs à la sauvette, de détruire les constructions sauvages, de combattre l'incivilité écologique et de nettoyer les rues de l'une des villes les plus peuplées d'Afrique. Depuis son lancement, le KIA a été mis en cause de nombreuses fois pour la corruption de certains de ses membres.
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Updated on
20.01.2016