Un journal indépendant harcelé par les autorités

Reporters sans frontières a exigé la fin des pressions exercées sur l'hebdomadaire indépendant Den. L'organisation estime que les autorités cherchent à empêcher son rédacteur en chef, Mikolai Markevich, de reprendre ses activités, après qu'il a purgé une peine de un an et demi de travaux forcés pour avoir offensé le Président.

L'hebdomadaire indépendant Den est menacé d'expulsion à Grodno, quelques jours seulement après la saisie du tirage complet du journal par la police. Mikolai Markevich, ancien rédacteur en chef de l'hebdomadaire Pagonya, qui a été fermé en 2001, a repris Den après avoir purgé un an et demi de travaux forcés pour avoir offensé le président Loukachenko. Reporters sans frontières dénonce le harcèlement dont fait l'objet Den depuis plusieurs mois. Les multiples entraves à sa publication vont des saisies intempestives au refus des imprimeries du pays de travailler avec le journal, l'obligeant à être imprimé en Russie. "Il semble que les autorités aient décidé d'empêcher par tous les moyens l'équipe de l'hebdomadaire Pagonya et son rédacteur en chef, Mikolai Markevich, de reprendre leurs activités alors que ce dernier a déjà payé lourdement sa liberté de ton. Nous demandons aux autorités de cesser toute forme de pression sur ce journal", a déclaré l'organisation. Une administration de Grodno (proche de la frontière polonaise), chargée du logement, a ordonné à l'association Batskaushchina, qui héberge l'équipe de Den, de quitter ses bureaux avant le 15 mai. Il est reproché à l'association de sous-louer l'espace illégalement au journal. Mikolai Markevich a expliqué que l'administration lui a refusé plus de dix fois le droit d'installer officiellement son journal à Grodno. Le 7 avril 2004, la police a saisi 4 800 copies du tirage de Den à Ivie (130 km de Grodno) lors de leur acheminement de Smolensk, son lieu d'impression en Russie, vers le Bélarus. Le motif de cette opération n'a pas été précisé et les exemplaires sont, à ce jour, toujours entre les mains de la police. Le numéro saisi contenait un article qui critiquait le refus de la police de poursuivre deux hommes arrêtés le 18 mars alors qu'ils tentaient de pénétrer par effraction dans les locaux de l'association Batskaushchina. Un des deux hommes a été reconnu par Mikolai Markevich comme étant un officier du KGB. En novembre 2003, l'imprimerie Svetach à Minsk avait illégalement rompu son contrat avec le journal, de même que le réseau de distribution Belsayuzdruk, le 29 janvier 2004. Reporters sans frontières rappelle que Mikolai Markevich avait été condamné, le 15 août 2002, à un an et demi de travaux forcés pour avoir autorisé la publication, dans le numéro de Pagonya du 4 septembre 2001, d'articles qui accusaient notamment le président Alexandre Loukachenko d'être impliqué dans la disparition d'opposants au régime. Le même jour, Pavel Majeïko, auteur de l'article "Venez voter" avait été condamné à un an de travaux forcés. Le 13 novembre 2001, le journal avait été fermé.
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Updated on 20.01.2016