Un journal de plus mord la poussière

Reporters sans frontières est très préoccupée par le raid violent mené par la police de Hargeisa, le 7 avril 2014, contre les bureaux du quotidien indépendant Haatuf qui paraît au Somaliland, région indépendante autoproclamée du nord ouest de la Somalie. "Cette fermeture brutale avec occupation des locaux par la police est tout à fait scandaleuse et constitue une nouvelle atteinte préoccupante dans la série qui a frappé les médias indépendants depuis ces derniers mois au Somaliland. Si les autorités de la région se sentent diffamées par le contenu d'un journal, la moindre des choses est de respecter un minimum de procédure judiciaire et non de lancer un assaut policier contre une salle de rédaction. Nous demandons à la police de cesser immédiatement son occupation arbitraire des locaux de Haatuf et de permettre à ce journal, ainsi qu'aux autres médias régionaux fermés arbitrairement, de rouvrir", déclare Cléa Kahn-Sriber, responsable du bureau Afrique de Reporters sans frontières. Selon le rédacteur en chef de la version en langue Somali du journal, Ahmed Ali Egge, les locaux du quotidien indépendant ont fait l'objet d'un raid de policiers armés le lundi 7 avril, alors que la rédaction préparait l'édition du lendemain, forçant les journalistes à fuir leur bureau. La police a dit avoir reçu comme consigne de fermer le journal sur ordre de la cour régionale d'Hargeisa pour publication d’informations "fausses et malveillantes concernant des autorités locales, alors que les dirigeants du journal ignoraient tout d'une procédure en cours contre leur publication. Dans les jours précédents le raid et le 7 avril même, Haatuf avait publié des articles accusant le ministre de l'Energie, Hussein Abdi Duale, ainsi que le ministre de l'Intérieur, Ali Mohamed Waran Ade, de malversations et de corruption. Cet acte de censure est la troisième fermeture en quatre mois d'un média indépendant dans la région auto-proclamée indépendante du Somaliland. Le 3 février 2014, le bureau d'Universal TV au Somaliland avait vu sa licence révoquée par le ministre de l'Information, Abdullahi Dhir Ukusen pour avoir "insulté" le Président du Somaliland, Ahmed Mohamed Silanyo, lors de son émission comique dominicale qui avait mis le président en scène dans un dessin animé. Le 13 décembre 2013, la police avait fait irruption dans les locaux du Hubaal News Network et arrêté deux de ses journalistes. Trois jours plus tard, le réseau était fermé, le chef de la police arguant d'un mandat d'arrêt contre la rédaction du journal. La rédaction de Hubaal avait bien fait l'objet d'un mandat d'arrêt en juin 2013, mais la Cour du Somaliland était revenu sur celui-ci en septembre 2013. La légalité de la fermeture de décembre 2013 n'a depuis toujours pas été établie. Entre les 3 décembre 2013 et 3 janvier 2014, au moins onze journalistes ont été arrêtés arbitrairement par les autorités du Somaliland. La Somalie occupe la 176ème place sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse de 2014 établi par Reporters sans frontières. Photo: Haatuf News
Publié le
Updated on 20.01.2016