Un “groupe d’extermination” menace la station communautaire Radio Victoria et quatre de ses journalistes ; réaction attendue de Pacific Rim
Organisation :
Cinq ans de menaces et de pressions contre Radio Victoria et la communauté rurale qui l’anime doivent cesser. Une nouvelle salve d’avertissements et de promesses d’assassinats a été adressée par messages écrits ou téléphoniques, entre le 30 avril et le 2 mai 2011, à quatre des journalistes de la station communautaire. Il s’agit de : Pablo Ayala, Oscar Beltrán, Manuel Navarrete et Marixela Ramos. Cette dernière a été menacée d’une exécution imminente avec sa fille âgée de trois ans si la radio ne modifiait pas rapidement sa ligne éditoriale. Les trois autres collègues ont reçu l’ordre de quitter le département de Cabañas avant le 4 mai sous peine de mort.
Depuis près d’une décennie, Radio Victoria est devenue la voix des communautés locales, défenseurs de l’environnement et militants écologistes opposés aux projets d’exploitation minière de la compagnie multinationale d’origine canadienne Pacific Rim. Le média communautaire joue un rôle d’information crucial dans cette situation, lourde de risque pour la santé et même la survie des populations. Malgré la surveillance policière dont bénéficie quotidiennement son local entre quatre heures de l’après-midi et huit heures du matin, les menaces n’ont pas cessé. En janvier dernier, l’avocat de Radio Victoria, Héctor Berríos, visé lui aussi, a dénoncé à Reporters sans frontières l’absence de résultats de l’enquête confiée au Parquet général de la République (Fiscalía).
“Les escadrons de la mort qui revendiquent ces menaces n’ont pas désarmé depuis la guerre civile (1979-1992). Un tel danger appelle plus que jamais une accélération de l’enquête et une mobilisation générale de la classe politique salvadorienne pour démanteler ces réseaux criminels impunis. Par ailleurs, la surveillance des installations de Radio Victoria ne suffit plus. Un dispositif de protection doit bénéficier aux journalistes et animateurs du média. Enfin, la compagnie Pacific Rim doit dénoncer publiquement, au niveau international, cet acharnement contre des populations présentes sur des territoires qu’elle convoite. Nous attendons sa réponse”, a déclaré Reporters sans frontières.
L’information sur les risques environnementaux présente des risques élevés pour les journalistes, dans cette région et ailleurs. La situation en Amérique centrale en donne une terrible illustration. Prenant fait et cause pour les populations indigènes mobilisés contre des projets miniers au Panama, le couple de journalistes espagnols Paco Gómez Nadal et Pilar Chato a été expulsé du pays le 28 février dernier. Le calvaire subi par les radios communautaires Radio Faluma Bimetu (Radio Coco Dulce) et La Voz de Zacate Grande au Honduras doit en grande partie à des contentieux territoriaux et agraires.
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20.01.2016