Un détenu accusé du meurtre d'un journaliste est tué en prison

Mario Medina Vázquez, accusé par la police d'avoir tué le journaliste Roberto Javier Mora García le 19 mars dernier, a été poignardé en prison le 13 mai par un codétenu. Reporters sans frontières a demandé aux autorités de faire toute la lumière "sur les circonstances et les motifs de ce crime".

Reporters sans frontières est vivement préoccupée par la mort de Mario Medina Vázquez, accusé par la police d'avoir tué le journaliste Roberto Javier Mora García le 19 mars dernier. Détenu depuis le 28 mars, le suspect a été poignardé en prison le 13 mai par un codétenu. "Nous vous demandons de faire toute la lumière sur les circonstances de la mort de Mario Medina Vázquez et les motifs de ce crime. L'enquête devra notamment dire s'il s'agit d'un crime crapuleux ou d'un acte prémédité lié à l'affaire Roberto Javier Mora García. Les autorités devront également expliquer pourquoi Mario Medina Vázquez, qui a la nationalité américaine, n'avait pas été placé en zone de sécurité, comme le demandait le consulat des Etats-Unis", a déclaré Reporters sans frontières dans une lettre adressée à Ramón Duron Ruiz, procureur général de l'Etat de Tamaulipas. "Ce meurtre jette une nouvelle zone d'ombre sur l'enquête concernant l'assassinat du journaliste Roberto Javier Mora García", a ajouté l'organisation. Mario Medina Vázquez avait été incarcéré après avoir avoué. Il a ensuite affirmé avoir été torturé. Selon la police, il avait tué le journaliste pour des motifs passionnels. "Alors que Roberto Javier Mora García, directeur éditorial du quotidien local El Mañana, avait dénoncé à plusieurs reprises le trafic de drogue dans la région, nous vous demandons que la piste d'un crime commis pour ses écrits ne soit pas écartée", a conclu l'organisation. Poignardé à une trentaine de reprises
Le 13 mai 2004, Mario Medina Vásquez a été poignardé à une trentaine de reprises par Roberto Herrera González dans la prison de Cereso II, située à Nuevo Laredo (Etat de Tamaulipas). Son agresseur l'a frappé avec une arme qu'il s'était confectionnée. Il a d'abord affirmé avoir agi parce que la victime l'avait mis en cause à tort dans un crime avant de changer de version. Roberto Herrera González est détenu pour deux homicides et possession de drogue. Le 17 mai, depuis Washington, les autorités américaines ont exigé une enquête sur la mort de leur ressortissant et se sont plaintes du refus de prendre les mesures de sécurité réclamées par son consulat. Le procureur de l'Etat de Tamaulipas, Francisco Cayuela, a présenté sa démission au gouverneur et été immédiatement remplacé. Dans son édition en ligne du 18 mai, El Mañana rapporte qu'Hiram Oliveros Ortiz, le deuxième suspect de l'assassinat du journaliste est depuis surveillé en permanence dans une zone spéciale de la prison. Rappel des faits
Mario Medina Vázquez avait été arrêté le 28 mars avec son concubin, Hiram Oliveros Ortiz. Selon la police, croyant à une relation entre ce dernier et Roberto Javier Mora García, Mario Medina Vázquez aurait tué le journaliste pour des motifs passionnels. Une version démentie par Mario Medina Vázquez qui a affirmé avoir été torturé pour obtenir des aveux. Roberto Javier Mora García, directeur éditorial du journal El Mañana, a été assassiné devant chez lui le 19 mars 2004, vers 2 heures du matin. Son corps a été retrouvé à une quinzaine de mètres de sa voiture, transpercé d'une vingtaine de coups de couteau. Le journaliste avait publié plusieurs articles sur les activités du Cartel du Golfe, une organisation de trafiquants de drogue de la région. Il dénonçait l'implication présumée de policiers et de fonctionnaires dans ce trafic ou encore les méthodes des "Zetas", d'anciens policiers chargés d'extorquer des entrepreneurs pour le compte des narcotrafiquants. Il avait également mis en cause la responsabilité des autorités dans le climat d'impunité qui règne dans l'Etat de Tamaulipas. Localement, Roberto Javier Mora García était reconnu comme un journaliste extrêmement sérieux et rigoureux dans ses enquêtes. Une commission In Memoriam
Reporters sans frontières appartient à la Commission In Memoriam, créée par six organisations mexicaines et internationales de défense de la liberté de la presse et chargée de faire le suivi de l'enquête. Une délégation de cette commission s'est rendue fin avril dans l'Etat de Tamaulipas pour faire un premier point sur les investigations. Elle rendra son rapport avant la fin du mois de mai. Outre Reporters sans frontières, les cinq membres de la Commission In Memoriam sont les organisations mexicaines Centro de Estudios Fronterizos y de Promoción de los Derechos Humanos (CEFPDH), Libertad de Información-México (LIMAC), Centro de Periodismo y Etica Pública (CEPET), et les organisations internationales PEN Club et Periodistas Frente a la Corrupción (PFC).
Publié le
Updated on 20.01.2016