Un début d'année toujours aussi difficile pour la presse

A leur retour des vacances du nouvel an, 80 députés conservateurs ont demandé que la journaliste réformatrice Massih Alinejad soit interdite d'entrée au Parlement. Par ailleurs, le président de l'Association des journalistes iraniens, Ali Mazroi, s'est vu interdire de quitter le pays. Enfin, deux publications ont été suspendues ces dernières semaines. « Les journalistes iraniens ne sont pas plus autorisés à s'exprimer à l'extérieur du pays qu'à l'intérieur. Les conservateurs, qui dominent les institutions religieuses, politiques et judiciaires du pays, mettent tout en œuvre pour faire taire les voix discordantes. Nous demandons au président du Parlement de rétablir Massih Alinejad dans ses droits, puisqu'elle n'a commis aucun délit », a déclaré Reporters sans frontières. L'organisation condamne par ailleurs fermement la suspension des revues Jameh Nou et Karnameh et demande au ministère du Guide et de l'Orientation islamique de permettre leur reparution. Reporters sans frontières rappelle que les autorités iraniennes ne doivent pas empêcher un journaliste de voyager ni de participer à des conférences internationales. M. Ali Mazroi doit pouvoir quitter le territoire sans avoir à subir de pressions. L'organisation demande aux autorités de lui rendre son passeport dans les plus brefs délais. La publication de leurs fiches de salaire a provoqué la colère des députés. Massih Alinejad, journaliste parlementaire du quotidien réformateur Hambasteghi et de l'Agence de presse ILNA, s'est vu ainsi interdire, le 4 avril 2005, l'accès au Parlement. Cela fait près d'une année que cette journaliste est la victime d'une véritable campagne de discréditation de la part des députés qui lui reprochent ses tenues vestimentaires, « sa grossièreté et son impolitesse ». Des députés conservateurs l'ont accusée d'avoir volé leurs fiches de paie dans leurs casiers, alors que c'est en réalité un député réformateur qui avait montré la sienne à la journaliste. Cette dernière est soutenue par plusieurs journaux qui ont décidé de ne pas publier de bulletin parlementaire pendant une journée en guise de protestation. L'avocate iranienne Shirin Ebadi, Prix Nobel de la paix, a pris la défense de Massih Alinejad bien qu'aucune procédure n'ait été ouverte. Dans une autre affaire, le président de l'Association des journalistes iraniens, Ali Mazroi, a été empêché, le 6 avril, de quitter le territoire et son passeport lui a été retiré. Le journaliste s'apprêtait à prendre l'avion pour se rendre au Danemark afin d'assister à la réunion de la Fédération internationale des journalistes. Aucun motif n'a été avancé par la police de l'aéroport. En 2004, M. Mazroi avait publié plusieurs lettres ouvertes pour dénoncer l'arrestation de son fils, Hanif Mazroi, aujourd'hui libéré. Le 7 avril, le mensuel Karnameh a été suspendu par le même ministre du Guide et de l'Orientation islamique pour avoir publié des nouvelles et des poèmes jugés « immoraux ». Le Ministère a déclaré qu'il comptait poursuivre le journal devant les tribunaux. Quelques jours avant le nouvel an iranien, le 8 mars, la revue intellectuelle Jameh Nou a été interdite de publication par le ministère du Guide et de l'Orientation islamique. Cette interdiction émanerait de la Commission de contrôle de la presse prétextant une publication irrégulière. Cette revue prône la nécessité de réformes dans le système politique et religieux du pays. La directrice de cette revue, Ftameh Kamli Sara, est l'épouse du journaliste indépendant Emadoldin Baghi, qui a déjà passé plusieurs années en prison, notamment pour des articles défendant la liberté d'expression et une vision moderne de l'Islam.
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Updated on 20.01.2016