Un correspondant régional continue de subir d'importantes pressions deux ans après avoir quitté sa rédaction

Reporters sans frontières dénonce la condamnation, le 28 octobre 2008, du journaliste Hassan Bourras à deux mois de prison et à une amende de 40 000 dinars (environ 460 euros) pour "diffamation" et "atteinte à corps constitué". Cette décision intervient plus de deux ans après la publication, dans le quotidien arabophone Al-Bilad, d'un article critiquant le du bilan de l'administration de la ville d'El-Bayadh (650 km au sud-ouest d'Alger). "Nous sommes choqués d'apprendre que la condamnation du journaliste a été aggravée par la cour d'appel, après le recours qu'il a formulé lui-même. Après l'adoption en 2001 d'un nouveau code pénal, Hassan Bourras avait été le premier journaliste à subir l'effet de ces nouvelles dispositions, le condamnant à une peine de prison. Le manque de respect de la procédure judiciaire, la sévérité du jugement et sa récente convocation par les services de renseignements sont autant d'illustrations des moyens auxquels ont recours les autorités algériennes pour faire pression sur les journalistes indépendants", a déclaré Reporters sans frontières Le 28 octobre 2008, la cour d'appel de Saida (440 km au sud-ouest de la capitale) a aggravé la sentence de Hassan Bourras, alors que le tribunal de première instance ne l'avait condamné, le 24 mars 2008, qu'à une amende. Le journaliste avait choisi de faire appel de cette décision. Il est poursuivi dans le cadre de cette affaire depuis 2006, après avoir publié un double article critiquant le fonctionnement de l'administration de la province d'El-Bayadh. Plusieurs plaintes avaient été déposées par le préfet de la ville, ainsi que la Direction régionale de la santé et sa section syndicale. Parallèlement, Hassan Bourras a été convoqué, le 1er septembre 2008, par le Département du renseignement et de la sécurité (DRS) et interrogé sur les mouvements de protestation dans le Sud algérien. Le journaliste a été mis en garde contre la publication d'articles relatifs à ce sujet. Hassan Bourras a indiqué à Reporters sans frontières ne pas avoir été informé de l'ouverture de son procès devant la cour d'appel de Saida, qui a rendu son jugement en l'absence du journaliste et de son avocat. "Je suis victime du pouvoir en place et de ses lois répressives envers les journalistes. Depuis 2001, je me retrouve régulièrement devant les tribunaux pour me justifier sur mes écrits. Je suis habitué à avoir affaire à la justice et à la police algériennes, mais la récente intervention, à titre préventif, des services de renseignements, m'intimant de ne pas couvrir les mouvements sociaux du Sud, prouve que je suis dans le collimateur des hautes sphères du pouvoir", a affirmé le journaliste, qui attend la notification du jugement pour se pourvoir en cassation. Hassan Bourras a quitté la rédaction d'Al-Bilad en 2006. En 2003, Hassan Bourras avait été condamné à deux ans de prison et à une interdiction d'exercer sa profession pendant cinq ans, après la publication, dans le quotidien El Djazairi (journal régional publié à Oran), d'articles révélant deux affaires de corruption. Il avait été emprisonné du 6 novembre au 2 décembre 2003. Sa peine avait été réduite par la cour d'appel à des dommages et intérêts s'élevant à 100 000 dinars (environ 1 100 euros) et à une amende de 10 000 dinars (environ 100 euros). Le journaliste avait entamé une grève de la faim en prison pour protester contre son incarcération. Sur le même sujet: 23.12.2003 - Reporters sans frontières déplore le verdict prononcé contre le journaliste Hassan Bourras
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Updated on 20.01.2016