Reporters sans frontières s'insurge contre le traitement que les autorités syriennes réservent aux journalistes. Le ministère de l'Information a annoncé, le 15 mars 2005, à Ammar Moussareh, correspondant de la chaîne américaine Al Hurra, qu'il n'avait pas le droit de travailler en Syrie. Agressions, menaces, interpellations, censures… Depuis une quinzaine de jours, les journalistes connaissent un nombre croissant d'entraves à l'exercice de leur profession.
Reporters sans frontières s'insurge contre le traitement que les autorités syriennes réservent aux journalistes. Le ministère de l'Information a annoncé, le 15 mars 2005, à Ammar Moussareh, correspondant de la chaîne américaine Al Hurra, qu'il n'avait pas le droit de travailler en Syrie. Agressions, menaces, interpellations, censures… Depuis une quinzaine de jours, les journalistes connaissent un nombre croissant d'entraves à l'exercice de leur profession.
"Il est inacceptable que les autorités syriennes continuent à employer des méthodes répressives et d'intimidation à l'encontre des journalistes, a déclaré Reporters sans frontières. Les correspondants étrangers sont surveillés et restreints dans leur mouvement, alors qu'ils devraient pouvoir travailler normalement sur le territoire syrien. L'état d'urgence, décrété depuis le 8 mars 1963, continue à servir de prétexte au harcèlement dont font l'objet journalistes et défenseurs des droits de l'homme. Le gouvernement semble bien décidé à empêcher l'émergence d'une presse libre et indépendante dans le pays. Il est temps que Bachar el-Assad libéralise le paysage médiatique", a conclu l'organisation.
Selon Anouar Bounni, avocat et militant des droits de l'homme, Ammar Moussareh, également pigiste pour la station américaine Radio Sawa, disposait d'une accréditation qui lui a été retirée en raison de sa couverture d'un sit-in d'opposants qui s'était tenu le 10 mars, à Damas, pour demander l'abrogation de la loi d'urgence et des tribunaux d'exception. Selon le ministère de l'Information, le journaliste ne disposait pas d'une accréditation en règle.
Le 10 mars 2005, des manifestants avaient protesté à Damas contre la loi sur l'état d'urgence et le premier anniversaire des affrontements entre Kurdes, tribus arabes et forces de sécurité syriennes dans la ville de Kamichli. Les forces de l'ordre n'ont pas hésité à battre plusieurs journalistes, à détruire ou confisquer des caméras. Selon Anouar Bounni, se trouvaient parmi eux une journaliste allemande et un journaliste français dont les identités ne sont pas connues.
Al Hurra est la seule chaîne qui avait réussi à filmer l'événement. Par la suite, le ministère de l'Information a demandé au bureau de presse, qui procure notamment matériels et services aux correspondants, de ne plus collaborer avec le journaliste d'Al Hurra. Ces mesures interviennent dans un contexte de durcissement des relations diplomatiques entre les Etats-Unis et la Syrie.
Al Hurra relève du Middle East Television Network (MTN), qui est financé par le Congrès américain. Elle a commencé à émettre le 14 février 2004 depuis les environs de Washington, en Virginie. Radio Sawa, dont les studios sont à Washington, a été créée en 2001 par le gouvernement fédéral américain et remplace le service en langue arabe de Voice of America (VOA).
Intimidations et censures
La même semaine, Assif Ibrahim, du quotidien officiel du parti au pouvoir Al Baas avait publié une enquête sur la corruption dans un quartier de Damas, où un chantier de construction ne respectait pas les normes de sécurité et mettrait en danger les futurs locataires. Un responsable de la municipalité et des officiers de police l'ont par la suite menacé et ont détruit la porte de sa maison.
La semaine précédente, le ministre de l'Information syrien, Mahdi Dakhlallah, avait annoncé à quatre journaux que leur autorisation de paraître leur était retirée. Al Ousboua Al Iktissadi (La Semaine économique), dont seul un numéro avait paru, et la revue récente Al Riyadiya Oua Al-Chabab (Jeunesse et sport), ainsi que deux autres titres encore jamais publiés, n'ont pas le droit d'être imprimés.
Enfin, depuis le début du mois de mars, plusieurs journalistes ont été convoqués pour être questionnés sur des articles qu'ils avaient rédigés. Ces pratiques sont régulièrement utilisées par les autorités pour tenter de faire taire les journalistes.
La Syrie est classée à la 155e place du troisième classement mondial de la liberté de la presse publié en octobre 2004 par Reporters sans frontières. Bachar el-Assad est considéré par l'organisation comme l'un des 34 prédateurs de la liberté de la presse dans le monde.