Reporters sans frontières demande qu'une enquête indépendante soit menée sur la mort d'Edward Chikomba, cameraman free-lance et ancien collaborateur de la chaîne publique Zimbabwe Broadcasting Corporation (ZBC), retrouvé mort le 31 mars 2007, deux jours après avoir été kidnappé par des inconnus soupçonnés d'être des agents des services de renseignements.
Reporters sans frontières demande qu'une enquête indépendante soit menée sur la mort d'Edward Chikomba, cameraman free-lance et ancien collaborateur de la chaîne publique Zimbabwe Broadcasting Corporation (ZBC), retrouvé mort le 31 mars 2007, deux jours après avoir été kidnappé par des inconnus soupçonnés d'être des agents des services de renseignements.
"Ce crime nous plonge dans la consternation. Il intervient à un moment critique pour les journalistes indépendants, où, après des années de harcèlement, une violence extrême est exercée à leur encontre. Cet acte odieux ne doit pas rester impuni. Or, la police n'est pas crédible pour mener une enquête sérieuse. Nous appelons donc les chefs d'Etat qui continuent à dialoguer avec le président Robert Mugabe à lui faire réaliser qu'il serait incompréhensible et dangereux que les responsables de la mort d'Edward Chikomba ne soient pas clairement identifiés et punis. Dans le Zimbabwe d'aujourd'hui, seul un tiers indépendant serait capable d'établir les faits", a déclaré l'organisation.
Egalement propriétaire d'un échope, l'ancien cameraman de la ZBC a été kidnappé par quatre hommes, qui se sont présentés à son domicile de Glen View, une banlieue populaire de la capitale, le 29 mars, en demandant à acheter des boissons. Forcé de monter à bord d'un véhicule tout-terrain blanc, sous la menace d'armes à feu, Edward Chikomba a été retrouvé mort, le 31 mars, à Darwendale (60 km à l'ouest de Harare). Son corps se trouve depuis cette date à la morgue de Chinhoyi, à 115 km de la capitale.
L'un de ses proches, cité par l'Union des journalistes du Zimbabwe (ZUJ, principal syndicat professionnel), a affirmé qu'il avait tenté de retenir Edward Chikomba au moment où ce dernier était forcé de monter à bord du véhicule. Les agresseurs l'en ont empêché en le frappant à coups de crosse de fusil. Selon la même source, le véhicule tout-terrain a été retrouvé à Mapinga, près de Banket (80 km à l'ouest de Harare).
L'un de ses anciens confrères a affirmé qu'Edward Chikomba était accusé d'avoir vendu à des médias étrangers des images de l'opposant Morgan Tsvangirai, au visage déformé, après qu'il avait été passé à tabac pendant sa détention. Selon la même source, le cameraman était également un sympathisant du parti d'opposition Movement for Democratic Change (MDC). "Mais il a sans doute été ciblé parce qu'il était connu en tant que cameraman", a expliqué à Reporters sans frontières un journaliste de Harare. Depuis son départ de l'équipe de production de l'émission "Vision 30", diffusée jusqu'en 2001 par la ZBC, Edward Chikomba continuait à réaliser des films de manière indépendante pour des particuliers ou des médias.
Les images de Morgan Tsvangirai défiguré, sortant du tribunal pour se rendre à l'hôpital, ont été filmées par plusieurs médias, y compris par Mighty Movies Zimbabwe (Pvt) Ltd, une importante maison de production zimbabwéenne, qui a fourni ces images à des chaînes ou des agences étrangères.
De nombreux opposants, militants des droits de l'homme ou journalistes, ont été arrêtés par les services de renseignements ces dernières semaines, dans des circonstances similaires. Gift Phiri, collaborateur de l'hebdomadaire publié à Londres The Zimbabwean, est détenu depuis le 1er avril et inculpé d'"exercice illégal du journalisme", tandis que Luke Tamborinyoka, ancien rédacteur en chef du quotidien disparu Daily News, a été hospitalisé sur ordre d'un tribunal de Harare, après avoir perdu connaissance lors de son procès, le 30 mars. Sérieusement blessé à la suite des mauvais traitements subis depuis son arrestation, deux jours plus tôt, Luke Tamborinyoka et 34 militants du MDC avaient été arrêtés au cours d'une rafle menée par les forces de police dans les bureaux du parti.