Un célèbre caricaturiste malaisien de nouveau convoqué par la police

Reporters sans frontières (RSF) appelle le gouvernement malaisien à abandonner toutes les accusations contre le dessinateur Zunar et à cesser d’utiliser la loi contre la sédition pour menacer et intimider les journalistes.

Le caricaturiste Zulkifli Anwar Ulhaque, plus connu sous le nom de Zunar, est convoqué par les autorités le 30 décembre après avoir été arrêté à deux reprises en l’espace de trois semaines. Le dessinateur a de nouveau été arrêté le 17 décembre alors qu’il organisait une collecte de fonds pour compenser la perte financière qu’il estimait avoir subi avec la saisie, trois semaines plus tôt, de vingt de ses dessins lors d’une exposition.


Le 17 décembre, la police a également saisi plus de 1.000 livres. D’après Zunar, les dessins et les livres confisqués ont engendré une perte totale de 20.000 dollars. Deux de ses assistants ont également été arrêtés ainsi que deux personnes venues le soutenir. Le caricaturiste précise qu’ils ont tous été emmenés au commissariat de police où une enquête a été ouverte, en vertu de l’article 124 du Code pénal, pour avoir porté préjudice à la démocratie parlementaire.


Dans un courriel adressé à plusieurs organisations, le caricaturiste explique avoir été interrogé pendant près de six heures, avant d’être libéré sous caution. Mais il doit être de nouveau entendu par la police le 30 décembre prochain dans le cadre de cette enquête. D’après Zunar, la police prévoit d’interdire tous ses livres.


Le 25 novembre dernier, le caricaturiste connu pour ses dessins dénonçant la corruption et les abus de pouvoir du gouvernement malaisien avait été arrêté et contraint d’annuler une exposition organisée dans le cadre du Festival Littéraire de George Town, au nom de la loi sur la sédition.


“Nous demandons l’abandon immédiat et inconditionnel des accusations portées contre le caricaturiste déclare Virginie Dangles, rédactrice en chef de Reporters sans frontières, et appelons le gouvernement malaisien à cesser d’utiliser la loi sur la sédition pour intimider et menacer les journalistes”.


A deux reprises déjà, en septembre 2010 et février 2015, Zunar a été emprisonné en vertu de la loi sur la sédition. Plus récemment, en avril 2015, le caricaturiste a été de nouveau inculpé de neuf chefs d’accusation pour sédition, après avoir posté neufs tweets jugés “critiques”. Selon son avocat, il risque jusqu’à 43 ans de prison. Ses dessins lui valent aussi une interdiction de quitter le territoire depuis octobre 2016.


La Malaisie occupe la 147e place sur 180 pays du Classement mondial pour la liberté de la presse 2016 établi par Reporters sans frontières.


Publié le
Mise à jour le 23.08.2019