Un blogueur libéré mais deux net-citoyens toujours emprisonnés

Reporters sans frontières se félicite de l'annonce de la libération du blogueur El Bachir Hazzam, mais dénonce le maintien en détention du propriétaire d’un cybercafé, Abdullah Boukfou, à l'issue du procès en appel des deux net-citoyens le 8 février. Condamnés respectivement en première instance à quatre mois et un an de prison ferme, leurs peines ont été réduites à deux mois et huit mois de prison. El Bachir Hazzam, qui a déjà passé plus de deux mois en détention, a été libéré hier soir, lundi 8 février. « Si nous sommes soulagés de savoir El Bachir Hazzam enfin libre, l'affaire ne s'arrête pas là : il doit être blanchi. La mobilisation doit continuer. Abdullah Boukfou va passer les six prochains mois en prison. Il doit être libéré au plus vite, tout comme le blogueur Boubaker Al-Yadib, arrêté et condamné au début du mois dans la même affaire », a déclaré l'organisation. « La justice marocaine manque l'occasion de rétablir la justice dans cette affaire. Ces trois net-citoyens n'ont fait que s'exprimer librement sur Internet et se heurtent à la répression des autorités locales. Ces emprisonnements s'inscrivent dans le contexte d'un harcèlement croissant envers des blogueurs qui osent couvrir des sujets jugés sensibles. » Le président de l’Association des blogueurs marocains, Saïd Benjebli, a attribué ces réductions de peine en partie à l’importance de la mobilisation nationale et internationale en faveur de ces net-citoyens. Il a rappelé que « la véritable raison de leur arrestation est liée à leurs activités, sur leurs blogs, qui ont permis d’exposer les abus des autorités locales ». El Bachir Hazzam, Abdullah Boukfou et Boubaker Al-Yadib ont été arrêtés pour avoir couvert des manifestations étudiantes du 1er décembre 2009 dans la ville de Taghjijte (200 km au sud d’Agadir). Ces manifestations avaient été violemment réprimées par les autorités locales. Lors du procès en première instance, le 15 décembre, le blogueur El Bachir Hazzam avait écopé de quatre mois de prison ferme pour « participation à un attroupement armé ». Abdullah Boukfou, le propriétaire d’un cybercafé, avait quant à lui été condamné à un an de prison ferme pour « usage de la violence envers un fonctionnaire » et « participation à la destruction de biens publics »(http://www.rsf.org/Un-blogueur-arrete-pour-avoir.html). Le 2 février, le tribunal de Guelmim a condamné le blogueur Boubaker Al-Yadib à six mois de prison ferme et 500 dirhams d’amende, pour "dégradation des biens de l’Etat", "atteinte à un agent de l’Etat", et "participation à une manifestation illégale".
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Updated on 20.01.2016