Un blogueur arrêté en vertu de la loi draconienne sur les secrets d’Etat
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Reporters sans frontières s’inquiète de l’arrestation du blogueur Syed Abdullah Hussein Al-Attas, survenue dans la nuit du 4 juillet 2012, après la publication d’une série d’articles controversés sur le sultan de Johor.
“L’arrestation de Syed Abdullah Hussein Al-Attas est inacceptable. Pourquoi la plainte a été déposée par trente personnes et non par celui mis en cause par les publications du blogueur ? Pourquoi les autorités jugent-elles nécessaires d’arrêter et de détenir pendant plusieurs jours deux personnes, pour ce qui s’apparente à un simple cas de diffamation? Les autorités procèdent à une détention et mènent une enquête sur la base d’une plainte groupée, mais ne font nullement part de leur volonté de lancer une enquête sur la base des informations documentées et rendues publiques par Syed Abdullah Hussein Al-Attas. Nous exigeons des explications sur cette logique, pour le moins inquiétante, qui nous fait craindre une arrestation aux motifs politiques”, a déclaré Reporters sans frontières.
“La liberté d’information devrait prévaloir sur toute loi couvrant les secrets étatiques. Ces derniers ne devraient pouvoir être invoqués qu’en cas d’espionnage avéré et dans des contextes très clairement définis et restreints. Les secrets d’Etat ne doivent en aucun cas permettre aux autorités politiques de se placer au dessus des lois ni porter atteinte au droit fondamental à l’information”, a ajouté l’organisation.
Arrêté le 4 juillet vers 21h45 au péage de Senawang, à Seremban, au sud-est de la capitale Kuala Lumpur, Syed Abdullah Hussein Al-Attas est actuellement détenu au poste de police d’Air Molek, à Johor Baru (capital de l’Etat de Johor). Le directeur adjoint du département des enquêtes criminelles de Johor, Md Akhir Ishak, a confirmé aujourd'hui que le blogueur avait été arrêté en vertu du paragraphe 8(1)(d) de l’ “Official Secrets Act 1972”.
La police a obtenu du magistrat Isa Mohamed la permission de le détenir pendant quatre jours pour enquêter sur le caractère possiblement diffamatoire de ses publications. Arrêtée par la police en la compagnie du blogueur, une femme, Siti Nadhirah Mohd Zain, âgée de 26 ans, fait également l’objet de cette détention provisoire.
Le 1er juillet 2012, trente personnes qui, selon le site Malaysia Chronicle, seraient majoritairement liées à la United Malays National Organisation, (UMNO), parti du Premier ministre au pouvoir, ont déposé plainte contre Syed Abdullah aucommissariat central de police. Ils affirment que les articles postés par Syed Abdullah sur son blog contiennent des propos “provocants”, “insultants” et “appelant à la sédition” contre le souverain de Johor, le Sultan Ibrahim Ibni Sultan Iskandar Almarhum, ainsi que le prince héritier, les dirigeants et les fonctionnaires de l'État. Ils prétendent également qu’il aurait publié des documents confidentiels.
Plus connu sous le nom de son blog, “Uncle Seekers”, Syed Abdullah est un adepte des théories liées au paranormal. Il est le fils du célèbre écrivain politique Syed Hussein Al-Attas. Il a publié à ce jour plus d’une soixantaine d’articles en malais sur le thème “Sultan Johor Atau Kerabatnya?” (Le sultan de Johor ou sa famille ?). Il aurait également mis en ligne plusieurs documents pour appuyer ses allégations. Certains révéleraient les malversations entourant l'héritage du sultan Iskandar Ibni Sultan Almarhum Ismail, mort en 2010 et dont le fils, le sultan “Johor crown prince Tunku Ismail Sultan Ibrahim” a pris la succession. Ce dernier a refusé de répondre aux allégations publiées sur le blog.
“Laissez le chien aboyer autant qu'il veut. Je connais la vérité, les habitants de Johor connaissent la vérité. Pourquoi devrais-je réagir à ces “conneries” !”, a-t-il dit sur son compte Twitter lorsqu'il a été sollicité à ce sujet par ses “twitter followers”.
Les articles mentionnent également un avocat, Kamal Hisham Jaafar, qui affirme qu'un membre du palais de Johor a proféré des menaces de mort à son encontre. Cet avocat, soupçonné d'avoir détourné 660 000 ringgits malaisiens (environ 151 435 euros) d'une compagnie basée sur Johor, aurait fui le pays. Il affirme ne pas souhaiter revenir en Malaisie pour répondre de cette accusation car il craint pour sa vie, après avoir reçu au moins cinq menaces de mort depuis l'année dernière.
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Updated on
20.01.2016