Un bimensuel suspendu, une agence privée de licence

Reporters sans frontières condamne la décision prise, le 8 octobre 2012, par la Commission d’autorisation et de surveillance de la presse, l’organe de censure du ministère de la Culture et de l’Orientation islamique, de suspendre le bimensuel Kayhan é Caricature, une publication du groupe de presse Kayhan. Le journal a été suspendu pour une caricature publiée dans son numéro d’août-septembre 2012, considérée comme insulte envers le prophète Joseph. Le même jour, la Commission a privé de licence l’agence de presse Vafa, un site d’information lié aux vétérans de la guerre Irak-Iran de 1980-1988. “La guerre acharnée que se livrent les factions rivales au sommet du pouvoir en Iran, confine à la caricature. Avec cette suspension, le journal vient à son tour s’ajouter à la longue liste des victimes de la politique répressive du régime. Le groupe Kayhan, et particulièrement le quotidien national du même nom, sont les organes de presse des conservateurs extrémistes. Le directeur du quotidien, Hossin Shariatmadry, a été nommé par l'ayatollah Khamenei en personne au début des années 2000. Kayhan s'est fait remarquer par ses attaques régulières contre des journalistes, intellectuels et dissidents accusés d'être ‘à la solde d'intérêts étrangers’. Cependant, la liberté de l’information étant un droit pour tous, nous considérons que cette décision, comme celle de la suspension du journal Shargh, est injuste et condamnable”, a déclaré Reporters sans frontières. Le 1er octobre 2012, le président Mahmoud Ahmadinejad avait déclaré dans une conférence de presse que “la décision du ministre (de la Culture) de suspendre le quotidien Shargh était incorrecte”. Une semaine jour pour jour après cette déclaration, la Commission d’autorisation et de surveillance de la presse, sous l’autorité du même ministre, suspend deux médias proches des “durs” du régime. Le dessin de Kayhan é Caricature représente un homme en défilé de mode, entouré de plusieurs femmes qui le regardent amoureusement, en référence à l’histoire du prophète Joseph et de Zoulikha, un conte coranique. Un mois après sa publication, l’affaire vient d’éclater au grand jour suite à une campagne des médias proches du gouvernement. Et ce, malgré les excuses présentées par le directeur de Kayhan et l’arrêt de la publication du journal ordonné par ce dernier. La Commission d’autorisation et de surveillance de la presse a également annulé la licence de l’agence de presse “des femmes et des familles”, Vafa, suite à une décision de la Cour de justice administrative d’Iran. “Nous n’avons reçu aucune convocation et à ma connaissance, il n’y avait aucune plainte contre nous, l’agence a été suspendue sans que nous puissions nous défendre”, a témoigné le directeur de l’agence, Naseraldien Islamifard. Ces derniers temps, l’agence avait publié des articles critiques à l’encontre d’une des responsables du ministère de la Culture et de l’Orientation islamique.
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Updated on 20.01.2016