Un an après le massacre au Caire, aucune enquête sur la mort des journalistes

Un an après le massacre des partisans du président déchu Mohamed Morsi par les forces de l’ordre sur la place Rabaa Al-Adawiya au Caire, au cours duquel trois journalistes ont été tués, Reporters sans frontières exhorte les autorités à mettre fin à l’impunité dont jouissent les auteurs de ces crimes.

Il y a un an, le 14 août 2013, trois journalistes étaient tués par les forces de l’ordre alors qu’ils couvraient une manifestation des partisans de Mohamed Morsi sur la place Rabaa Al-Adawiya au Caire. Ces trois professionnels de l’information, morts dans l’exercice de leurs fonctions, comptent parmi les 700 à 1000 victimes de la répression. Un an plus tard, aucune enquête n’a été ouverte ni sur le massacre ni sur la mort des journalistes et aucun des responsables de ces massacres n’a été inquiété. Pas plus que pour les assassins d’autres professionnels de l’information tués depuis janvier 2011. Les trois journalistes tués le 14 août étaient : Ahmed Abdel Gawad, du quotidien Al-Akhbar, mortellement touché par balles au niveau des reins ; Mosab Al-Shami, photojournaliste égyptien de Rassd News Network (RNN), un média alternatif créé lors de la révolution de 2011, atteint par des tirs de sniper au niveau de la poitrine ; et Mick Dean, cameraman britannique de Sky News, tué par un sniper. Dans la même journée, au moins six professionnels de l’information ont été blessés par balles, dont le cameraman de la chaîne Al-Jazeera Mohamed Al-Zaki, touché au bras, et un photographe de l’agence Associated Press, touché à la nuque. “Reporters sans frontières exhorte les autorités égyptiennes à ouvrir des enquêtes indépendantes et impartiales sur la mort des trois professionnels de l’information tués le 14 août dernier, et plus généralement sur les dix cas de journalistes tués depuis le début du soulèvement en Egypte en 2011, déclare Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières. La liberté de l’information est en train de se réduire comme peau de chagrin en Egypte, comme le confirme la condamnation le 23 juin dernier, des trois journalistes d’Al-Jazeera à des peines allant de 7 à 10 ans de prison. L’impunité ne doit plus être le fondement du pouvoir en Egypte.” Tandis que les assassins de journalistes demeurent à l’abri de toute investigation et qu’aucune enquête n’a été lancée sur les assassinats des professionnels de l’information depuis janvier 2011, douze condamnations à mort ont été prononcées, le 18 juin dernier, à l’encontre des auteurs présumés de l’assassinat d’un général de police. Le deux poids deux mesures est patent. La femme de Mick Dean dénonçait cette injustice dans une lettre ouverte publiée le 10 août. Le jour du massacre de Rabaa Al-Adawiya - l’épisode le plus sanglant de l’histoire contemporaine de l’Egypte - deux professionnels de l’information avaient été arrêtés : Abdallah Al-Shami, correspondant d’Al-Jazeera, libéré le 16 juin dernier après dix mois de prison et le photographe Mahmoud Abu Zeid. Ce dernier est toujours en détention.
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Updated on 20.01.2016