Alfredo Jiménez Mota (photo), du quotidien El Imparcial à Hermosillo (Nord-Ouest), n'a plus donné signe de vie depuis le 2 avril 2005. Un an après, Reporters sans frontières constate avec amertume que l'enquête est restée dans l'impasse. L'organisation demande que tous les moyens soient donnés au nouveau parquet spécial chargé des attaques contre la presse pour la résolution de cette affaire.
Le 2 avril 2005, Alfredo Jiménez Mota, rédacteur du quotidien El Imparcial à Hermosillo (Etat de Sonora, Nord-Ouest), disparaissait dans des conditions obscures. Reporters sans frontières constate avec amertume l'inefficacité de l'enquête qui semble aujourd'hui dans l'impasse, malgré la participation des autorités fédérales.
“Malgré les promesses répétées du président Vicente Fox, les enquêteurs n'ont apporté aucun élément supplémentaire concernant cette disparition, manifestement liée aux activités journalistiques d'Alfredo Jiménez Mota. Nous demandons que le nouveau parquet spécial chargé des attaques contre la presse dispose de tous les moyens nécessaires à la résolution de cette affaire, marquée, comme tant d'autres, du sceau de l'impunité”, a déclaré Reporters sans frontières.
Alfredo Jiménez Mota n'a plus donné signe de vie depuis le 2 avril 2005. Selon sa rédaction, il avait téléphoné, nerveux, vers 21 heures, à une collègue pour la prévenir qu'il avait rendez-vous avec l'un de ses contacts. Après cette courte entrevue, il devait la rejoindre. Il n'a jamais reparu depuis cet appel.
Alfredo Jiménez Mota était réputé pour ses investigations risquées sur des thèmes aussi sensibles que le narcotrafic ou la sécurité publique, ce qui l'exposait à de lourdes représailles.
La disparition d'Alfredo Jiménez Mota avait inauguré une semaine noire pour la presse mexicaine, dont les conditions de travail ne se sont guère améliorées depuis. Guadalupe Garcia Escamilla, de la radio Estéreo 91 XHNOE à Nuevo Laredo, dans l'Etat de Tamaulipas (Nord-Est), avait été victime d'un attentat à l'arme à feu le 5 avril 2005 devant les locaux de la station. Elle étaient décédée onze jours plus tard des suites de ses blessures.
Ce drame avait été suivi par l'assassinat, le 8 avril 2005, du directeur du quotidien La Opinión, Raúl Gibb Guerrero, à Papantla, dans l'Etat de Veracruz (Est). Martín Rojas, chef présumé d'un réseau de contrebande d'essence de l'Etat de Veracruz, « Los Chupaductos » et, principal suspect dans la mort du journaliste, a été arrêté, le 4 juillet, aux Etats-Unis, mais il n'a pas été extradé à ce jour.
Face à cette recrudescence de la violence à l'encontre des journalistes, le ministère fédéral de la Justice a mis en place, le 15 février 2006, un parquet spécial dédié à la lutte contre les crimes et délits commis envers les journalistes. Deux ont été assassinés au Mexique dans le cadre de leurs fonctions depuis janvier 2006.