Le 12 mars 2007, U Win Tin, lauréat du prix Reporters sans frontières 2006, a fêté son 77e anniversaire dans la prison d'Insein où il est détenu depuis près de 18 ans. Le 8 mars, le directeur des prisons avait refusé au journaliste une libération anticipée, pourtant promise par les autorités.
Le 12 mars 2007, U Win Tin, le plus célèbre journaliste birman, fête son 77e anniversaire dans sa cellule spéciale de la tristement célèbre prison d'Insein à Rangoon. A cette occasion, il a lancé un appel à la résistance contre le régime militaire qui l'emprisonne depuis juillet 1989. "Tous les prisonniers politiques doivent être libérés et le Parlement démocratique doit être réuni. Nous ne devons pas abandonner ces demandes", a confié U Win Tin à l'un de ses proches qui est autorisé à lui rendre visite.
"Nous demandons la libération immédiate d'U Win Tin. L'inhumanité de la junte militaire qui emprisonne un homme malade de 77 ans depuis près de 18 ans n'est plus à démontrer. Dans le cas d'U Win Tin, le régime ne respecte même pas ses promesses en lui refusant le droit à une libération anticipée", ont déclaré Reporters sans frontières et la Burma Media Association.
Le 8 mars 2007, le directeur général des prisons a rendu visite à U Win Tin. Ce dernier lui a fait valoir ses droits de prisonnier politique : "Je ne vais pas vous supplier de me libérer. C'est mon droit d'être libéré car j'ai purgé 18 de mes 20 ans de prison. Je dois pouvoir profiter d'une libération anticipée." Mais le directeur général lui a répondu qu'il ne pouvait pas en bénéficier car il n'avait pas travaillé pendant sa détention. U Win Tin lui a répondu qu'étant prisonnier politique, il ne pouvait être contraint au travail en détention. L'officiel lui a répondu qu'il ne connaissait pas assez son cas et qu'il allait demander à ses supérieurs, selon le récit rapporté par U Win Tin à son visiteur.
Dans le passé, les autorités pénitentiaires avaient promis à des responsables du Comité international de la Croix-rouge (CICR) que U Win Tin bénéficierait d'une libération anticipée et que sa peine ne serait pas prolongée.
Depuis sa cellule, U Win Tin, lauréat du prix Reporters sans frontières 2006, a également défendu le principe "Suu Hlut Twe" : Libération d'Aung San Suu Kyi et des prisonniers politiques (Suu), réunion du Parlement élu en 1990 (Hlut) et Dialogue politique (Twe). "Ma vision, mes opinions et mes principes n'ont pas changé", a expliqué le journaliste qui a appelé les militants démocrates à résister à la répression.
Depuis le 4 juillet 1989, date de son arrestation, U Win Tin est privé de ses droits fondamentaux, entre autres celui d'être soigné convenablement et celui de pouvoir écrire. Condamné à vingt ans de prison, notamment pour "propagande antigouvernementale", U Win Tin ne reçoit plus, depuis le début de l'année 2006, de visites de représentants du CICR.
U Win Tin est actuellement contraint de suivre un traitement pour des problèmes de tension artérielle et d'inflammation de la prostate. Bien qu'il soit ausculté deux fois par mois par un médecin de la prison, U Win Tin dépend de l'aide de proches qui lui apportent régulièrement des médicaments et de la nourriture. Après 18 années de détention, sa santé s'est considérablement dégradée. Il a subi deux attaques cardiaques.
Reporters sans frontières et la Burma Media Association appellent à signer une pétition internationale sur www.rsf.org en faveur de la libération d'U Win Tin.