Turquie : 13 mois de prison pour une journaliste des “Paradise Papers”

Une ancienne journaliste du quotidien Cumhuriyet, Pelin Ünker, a été condamnée par le Tribunal Correctionnel d’Istanbul à treize mois de prison ferme et une forte amende. RSF dénonce cette condamnation et demande son acquittement en appel.

Dans un verdict rendu le 8 janvier, un tribunal d’Istanbul a condamné la journaliste Pelin Ünker à une peine de 13 mois de prison ferme et une amende de 8 660 livres turques (environ 1400 euros) pour “insulte” et “diffamation” à l’encontre de l’ancien premier ministre Binali Yildirim, et de ses deux fils. Dans le cadre des “Paradise Papers”, la journaliste avait révélé que ces derniers possédaient des sociétés offshore à Malte. A l’issue de l’audience, à laquelle a assisté RSF, la Cour a refusé de commuer la peine en sursis, estimant que la journaliste ne faisait preuve d’aucun remord lors du procès et qu’elle risquait de récidiver.


“Avec cette nouvelle condamnation, les autorités turques continuent de persécuter les derniers journalistes d’investigation du pays, dénonce Erol Önderoğlu, représentant de RSF en Turquie. Les pressions sur le journalisme d’investigation doivent cesser. RSF exhorte la justice à acquitter Pelin Ünker en appel au nom de l’intérêt commun des révélations de corruption en Turquie”.


Devant la présidente de la Cour, les avocats de la journaliste ont en vain déclaré qu’il y avait un intérêt public à être informé des investissements familiaux controversés d’un ancien premier ministre ainsi que des accusations d’évasion fiscale vis-à-vis de ses deux fils.


Les avocats ont prévu de faire appel dans un délai d’une semaine. La Cour d’appel pourrait rendre sa décision dans quelques mois. Si la condamnation est confirmée, Pelin Ünker, qui a comparu libre, sera envoyée en prison.


La Turquie occupe la 157e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi en 2018 par RSF.

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Mise à jour le 10.01.2019