Tunisie : RSF appelle à la relaxe du journaliste Khalifa Guesmi, libéré de prison après 6 mois de détention

Condamné en mai dernier à cinq ans de prison ferme pour avoir publié un article sur le démantèlement d’une cellule terroriste, et incarcéré depuis le 3 septembre, Khalifa Guesmi a été libéré de la prison de Mornaguia. Reporters sans frontières (RSF) se réjouit qu’il puisse retrouver ses proches, et exhorte désormais la justice à le relaxer. 

Khalifa Guesmi a quitté la prison de Mornaguia, à 15 km au sud-ouest de Tunis, aux alentours de 22h00 ce mercredi 6 mars. Une foule de proches et de journalistes l’attendait à la sortie du centre pénitentiaire. Plus tôt dans la journée, la Cour de cassation rendait une décision qui allait conduire à cette libération tant espérée. 

La plus haute autorité judiciaire de Tunisie s’est en effet prononcée et a cassé le jugement rendu en appel le 16 mai dernier, qui condamnait le journaliste de la radio Mosaïque FM à 5 ans de prison ferme. L’affaire est désormais renvoyée devant une nouvelle composition de la chambre de la Cour d’appel. Il doit désormais attendre la fixation de la date de son nouveau procès. 

“RSF se réjouit de la remise en liberté du journaliste Khalifa Guesmi après la décision de la Cour de cassation de casser sa condamnation inique à 5 ans de prison ferme. Nous espérons que cette décision sera suivie de son acquittement définitif dans un dossier à charge vide. Khalifa Guesmi n’aurait jamais dû être emprisonné et son combat pour une presse libre et indépendante en Tunisie doit aujourd’hui être reconnu et salué.

Khaled Drareni
Représentant de RSF en Afrique du Nord

“J’ai toujours gardé la tête haute car je n’ai commis aucun crime, a déclaré Khalifa Guesmi à sa sortie de prison devant les journalistes venus l’interroger. Je n’ai jamais demandé d’immunité, j’ai juste demandé l’application de la loi. Je n’ai fait qu’écrire un article de presse, je n’aurais jamais dû être soumis à la loi antiterroriste. J’ai passé six mois en prison, loin de ma famille et de mes confrères. J’ai suivi cette campagne de solidarité avec moi, je remercie tout le monde”, a-t-il conclu.

Journaliste au sein de la radio privée Mosaïque FM et ancien reporter au quotidien Chourouk et des chaînes de télévision Attessia TV et Carthage+, Khalifa Guesmi, aujourd’hui âgé de 48 ans, s’est distingué avec ses enquêtes et ses reportages sur des sujets de société et relatifs aux enjeux sécuritaires du pays.

La cour d’appel de Tunis avait aggravé lourdement, en mai 2023, la peine prononcée en premier instance, le 30 novembre 2022,, contre le journaliste de la radio privée Mosaïque FM, qui le condamnait à un an de prison ferme sans mandat de dépôt. Il est accusé de divulgation d’informations en violation des dispositions de la loi antiterroriste et du Code pénal pour avoir publié un article sur le démantèlement d’une cellule terroriste dans la ville de Kairouan (150 km au sud-ouest de Tunis). Les avocats du journaliste avaient pourtant apporté la démonstration de l’inanité des accusations. Après quatre mois de vie en totale clandestinité, Khalifa Guesmi est arrêté le 3 septembre dans sa ville natale de Kairouan et immédiatement écroué.

En décembre dernier, trois mois après son incarcération, le journaliste a été, selon les informations recueillies par RSF, victime de mauvais traitements. Agressé verbalement par des gardiens, il a aussi été contraint de partager son lit avec deux à trois autres détenus, dans des cellules de plusieurs dizaines de personnes. Il a également subi d’autres mesures vexatoires au quotidien. Il était notammentest sommé d’attendre des heures avant de pouvoir voir sa femme lors de sa visite hebdomadaire au parloir. 

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