Reporters sans frontières dénonce l'agression violente commise à l'encontre de Gift Phiri, un journaliste free-lance, par des hommes l'accusant d'être le correspondant de médias hostiles au gouvernement. Cette attaque survient dans la foulée de menaces adressées aux collaborateurs de médias étrangers par le ministre de la Sécurité d'Etat.
Reporters sans frontières dénonce avec la plus grande fermeté l'agression violente commise à l'encontre de Gift Phiri, un journaliste free-lance, ancien reporter de l'hebdomadaire Zimbabwe Independent, par des hommes l'accusant d'être le correspondant de médias hostiles au gouvernement. Cette attaque survient dans la foulée de menaces adressées aux collaborateurs de médias étrangers par le ministre ayant la tutelle de la Central Intelligence Organisation (CIO, les services de renseignements).
« Poussés au chômage, menacés de prison et aujourd'hui passés à tabac : le sort réservé par le gouvernement de Robert Mugabe aux journalistes indépendants est de plus en plus brutal, a déclaré Reporters sans frontières. Etant donné la timidité des responsables politiques africains quand il s'agit de critiquer le Zimbabwe, nous appelons les organisations africaines de défense de la liberté de la presse à exprimer leur solidarité avec les journalistes indépendants et à protester auprès du gouvernement de Harare. »
Gift Phiri a été violemment agressé, le 16 février 2006, alors qu'il rentrait à son domicile de Sunnigdale, une banlieue est de Harare, après avoir regardé un match de football dans un bar du quartier. Cinq hommes se sont jetés sur lui et l'ont battu pendant vingt minutes avant de le laisser pour mort devant sa porte. Le journaliste, blessé à coups de poings américains et de bottes, souffre de blessures au visage et aux côtes. Plus tôt dans la journée, le journaliste avait remarqué la présence dans le quartier d'hommes de la CIO.
Ses agresseurs l'ont accusé de travailler pour la radio publique américaine Voice of America (VOA) et la radio privée Voice of People (VOP). Gift Phiri est aujourd'hui au chômage, étant donné la raréfaction des emplois dans la presse après la fermeture de nombreux journaux indépendants.
Cette agression survient trois semaines après que le ministre de la Sécurité nationale, Didymus Mutasa, cité le 27 janvier par l'hebdomadaire gouvernemental Manica Post, publié à Mutare (Est), avait prévenu les journalistes que le « filet allait bientôt se refermer ». Le ministre, qui a la tutelle de la CIO, avait expliqué que certains, utilisant des pseudonymes, travaillaient pour des médias étrangers, mais que le gouvernement avait repéré « leurs cachettes ». Il les avait accusés d'être « conduits par l'amour du dollar américain et de la livre britannique qu'ils reçoivent des médias étrangers pour répandre des mensonges ».