Trois quotidiens absents des kiosques
Organisation :
Reporters sans frontières est vivement préoccupé par l'absence en kiosque des quotidiens Le Matin, Le Nouvel Algérie Actualité, et El Djarida, pour cause de non-paiement de leurs dettes aux imprimeries d'Etat. L'organisation redoute une instrumentalisation de l'arme financière contre la liberté de la presse.
" Nous sommes très inquiets de l'utilisation de l'arme financière, qui a déjà frappé l'an passé, pour mettre la presse au pas. Trois quotidiens de la presse privée sont aujourd'hui absents des kiosques. S'il est normal que les entreprises de presse règlent leurs factures aux imprimeries d'Etat, il nous paraît essentiel que ces dernières fassent preuve de souplesse et de conciliation pour trouver des solutions aux difficultés financières auxquelles doivent faire face les titres de la presse privée. Nous déplorons ainsi que l'échéancier demandé par Le Matin ait été refusé, conduisant à son arrêt de parution, que nous espérons très provisoire. Dans ce contexte d'assainissement des comptes, il est surprenant que les autorités ne s'inquiètent pas davantage des dettes des journaux proches du pouvoir. L'incarcération de journalistes, les poursuites à tout va, et les suspensions d'impression, mettent en péril la liberté de la presse en Algérie " , a déclaré Reporters sans frontières.
Depuis le 24 juillet, Le Matin n'est plus disponible en kiosque. L'imprimerie d'Etat Simpral (Société d'impression d'Alger), qui exige le versement de 38 millions de dinars (environ 500 000 euros) pour les impayés des mois de février, mars, et avril 2004, a refusé l'échéancier demandé par le quotidien, dont le directeur Mohammed Benchicou est incarcéré depuis le 14 juin 2004. L'édition en ligne du Matin est parvenue, quant à elle, à poursuivre sa publication. " Les sommes exigées au Matin ne représentent même pas 1% du montant total des sommes dûes par l'ensemble des journaux aux imprimeries d'Etat ! Il y a un acharnement contre notre journal. Après avoir emprisonné notre directeur, les autorités algériennes ont demandé aux annonceurs de boycotter notre titre, aux banques de prendre leur distance, et aujourd'hui, c'est l'impression qui est suspendue. Seule une décision politique permettra de résoudre cette situation. Plus que des discours sur la liberté de la presse, nous attendons des actes, et, en tout premier lieu, la libération des journalistes incarcérés ", a déclaré à l'organisation Youcef Rezzoug, rédacteur en chef du Matin.
El Djarida, quotidien arabophone et le Nouvel Algérie Actualité, quotidien francophone ont été également suspendus d'impression pour impayés.
Publié le
Updated on
20.01.2016