Trois nouveaux journalistes incarcérés

Reporters sans frontières a appris l'arrestation de trois nouveaux journalistes iraniens, portant à six le nombre de professionnels des médias détenus dans la République islamique. "Le régime de Téhéran est l'un des plus répressifs du monde envers les médias. Les journalistes indépendants y sont étroitement surveillés et constamment harcelés. Les arrestations sont courantes et il peut se passer des mois avant que l'on découvre les lieux de détention et les charges retenues à l'encontre des journalistes. Avec six détenus, l'Iran demeure la plus grande prison du Moyen-Orient pour les professionnels des médias”, a déclaré Reporters sans frontières. Le 1er juillet 2007, Mohammad Sadegh Kabovand, directeur de publication de l'hebdomadaire Payam-e mardom-e Kurdestan (suspendu en 2004), a été arrêté par les agents du ministère des Renseignements. Le domicile du journaliste a été perquisitionné et des documents personnels, des CD et le disque dur de son ordinateur ont été saisis. Il a été immédiatement transféré à la prison d'Evin. Le 18 août 2005, il avait été condamné à un an et demi de prison et cinq ans d'interdiction d'activité journalistique pour “trouble de l'opinion publique et propagation d'idées séparatistes”. La peine avait finalement été ramenée à un an en appel. Le journaliste n'a jamais purgé cette sentence. En 2006, Mohammad Sadegh Kabovand a fondé une organisation de défense des droits de l'homme au Kurdistan, en collaboration avec d'autres journalistes. Leur site Internet (www.insaniyet.com) a été bloqué à plusieurs reprises. Said Matinpour, de l'hebdomadaire Yarpagh (journal en langue azari publié à Téhéran), est en prison depuis le 28 mai 2007. Arrêté en même temps que son épouse à leur domicile à Zanjan (Nord-Ouest), le journaliste a été transféré deux jours plus tard à Téhéran. Il est maintenu en isolement dans le dortoir sécuritaire 209 de la prison d'Evin. Aucune charge n'a été formulée contre lui. Ni ses proches, ni son avocat n'ont pu lui rendre visite. Par ailleurs, Mohammad Hassan Fallahieh, journaliste au service en langue arabe de la chaîne Al-Alam (radio-télévison publique), est emprisonné depuis le mois de novembre 2006. Accusé d'espionnage, il a été jugé le 29 avril 2007 par un tribunal de la révolution et condamné à trois ans de prison. Il purge lui aussi sa peine dans le dortoir sécuritaire 209 d'Evin. Selon son avocat, il souffre de problèmes de santé qui nécessitent un examen médical approfondi. Trois journalistes étaient déjà détenus dans les geôles iraniennes. Adnan Hassanpour, de l'hebdomadaire Asou, arrêté le 25 janvier 2007, est incarcéré à la prison de Sanandaj (capitale du Kurdistan iranien). Kaveh Javanmard, de l'hebdomadaire Karfto, a été arrêté le 18 décembre 2006. Il est détenu lui aussi à Sanandaj. Enfin, Ali Farahbakhsh, collaborateur de plusieurs journaux économiques, dont Sarmayeh, et arrêté le 27 novembre 2006, est détenu dans le dortoir sécuritaire 209 d'Evin. Reporters sans frontières a déjà manifesté sa plus grande inquiétude quant à son état de santé. Il a sollicité une autorisation de sortie pour hospitalisation. Par ailleurs, le 22 juin 2007, Said Mohamadi (plus connu sous le nom de Moghanlou), poète, écrivain et rédacteur en chef d'Al-Alam, a été arrêté, à son arrivée à l'aéroport de Téhéran par des agents des services de renseignements, alors qu'il revenait d'un voyage à Bakou en Azerbaïdjan. Il a été libéré deux jours plus tard après le paiement d'une caution de 100 millions de toumen (environ 80 000 euros), dans l'attente de son jugement. Son passeport lui a été confisqué et il est interdit de sortie du territoire. De même, les autorités ont refusé de préciser les charges retenues contre le journaliste. Enfin, le secrétariat du Haut Conseil de la sécurité nationale a adressé une lettre aux médias iraniens leur interdisant de publier des articles sur les troubles consécutifs au rationnement de l'essence, instauré le 27 juin 2007. Des informations sur ces événements ont toutefois été publiées par des blogs et des sites Internet. Plusieurs journalistes et photographes qui s'étaient rendus sur les lieux ont été agressés par les forces de l'ordre ou les émeutiers.
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Updated on 20.01.2016