Trois journalistes tués et plusieurs autres blessés dans l'attentat-suicide de Mogadiscio

Reporters sans frontières est attristée d'apprendre que le bilan pour les journalistes de l'attentat-suicide perpétré à l'hôtel Shamo, à Mogadiscio, le 3 décembre 2009, s'est alourdi. Selon l'Union nationale des journalistes somaliens (NUSOJ), organisation partenaire de Reporters sans frontières, Abdigafar Abdulkadir Hassan, alias Yaasir Mario, qui travaillait comme fixeur et cameraman indépendant, est décédé dans la soirée du 3 décembre, à l'hôpital de Medina où il avait été admis dans un état critique. Il est le troisième journaliste à perdre la vie dans cet attentat après un reporter de Radio Shabelle et un cameraman d'Al-Arabia TV. Parmi les journalistes blessés dans l'attaque figurent : - Mohamed Aweys Mudey, reporter à la station Somaliweyn Radio - Abdulkadir Omar Abdulle, reporter pour la chaîne Universal TV - Mohamed Abdi Hussein, reporter pour Hurmo Radio - Khalid Maki Banadir, cameraman pour la chaîne Universal TV - Omar Faruk, photographe pour l'agence de presse Reuters Les insurgés islamistes de la milice Al-Shabaab et du groupe Hezb-al-Islam ont démenti, le 4 décembre, être responsables de l'attentat. --------------------------------------------------------------------------------- 03.12.2009 - Au moins deux journalistes tués et plusieurs autres blessés dans un attentat-suicide Reporters sans frontières exprime sa stupeur et son immense tristesse après qu'un attentat-suicide, le 3 décembre 2009, dans un hôtel de Mogadiscio, a causé la mort d'une dizaine de personnes, parmi lesquelles au moins deux journalistes, trois ministres du gouvernement de transition et neuf étudiants. L'attaque s'est produite lors d'une cérémonie de remise de diplômes aux étudiants de l'université Banadir. Au moins sept autres journalistes ont été blessés. Le bilan n'est pas définitif. “Nous condamnons cette attaque avec la plus grande fermeté et nous exprimons toute notre solidarité aux deux médias touchés par la mort d'un des leurs, notamment l'équipe de Radio Shabelle qui a déjà perdu deux directeurs en deux ans et plusieurs de ses journalistes cette année. L'insécurité en Somalie a atteint des sommets et les journalistes qui tentent de couvrir la situation chaotique de ce pays vivent un cauchemar. Les commanditaires de ce lâche attentat portent la responsabilité de la mort de nos confrères. L'usage de ces violences aveugles doit cesser et être condamné par l'ensemble des parties au conflit”, a déclaré l'organisation. Le 3 décembre, Mohamed Amin Adan Abdulle, âgé de 24 ans, reporter pour Radio Shabelle, et Hassan Zubeyr Haji Hassan, cameraman pour la chaîne Al-Arabia TV, ont été mortellement blessés dans l'attentat visant l'hôtel Shamo, sur l'une des principales avenues de Mogadiscio, au lieu dit "kilomètre 5". Trois ministres du gouvernement de transition ont également été tués. Un quatrième, le ministre des Sports, ancien journaliste et membre fondateur de l'Union nationale des journalistes somaliens (NUSOJ), est dans un état critique après avoir été blessé. Selon les informations de Reporters sans frontières, au moins sept journalistes, parmi lesquels le photographe de l'AFP, Mohamed Dahir, ont également été blessés. L'attaque n'a pas été revendiquée, mais de forts soupçons pèsent sur la milice islamiste Al-Shabaab. Selon un employé de l'hôtel, l'un des étudiants participant à la cérémonie a déclenché des explosifs qu'il portait sur lui. "Nous n'en pouvons plus de l'insécurité. La plupart de mes confrères souhaitent désormais arrêter de travailler. C'est devenu trop dangereux", a déclaré à Reporters sans frontières un ancien journaliste de Radio Shabelle basé dans la capitale somalienne. Radio Shabelle figurait parmi les nominés, dans la catégorie Médias, du Prix Reporters sans frontières – Fnac 2009 remis à Paris le 2 décembre 2009. Station privée la plus réputée du pays, elle est aussi la plus exposée. Le 7 juin dernier, son directeur, Mukhtar Mohamed Hirabe, a été abattu de quatre balles dans la tête, en plein cœur de Mogadiscio, alors qu'il se rendait au travail. Avant lui, deux de ses employés avaient été tués cette année. Quant à son prédécesseur, Bashir Nur Gedi, il avait lui aussi été assassiné, en 2007. Préoccupée par le contexte d’insécurité croissante dans lequel sont contraints de travailler les professionnels des médias en Somalie, Reporters sans frontières avait octroyé, en juillet dernier, une aide de 2 000 dollars et fait parvenir vingt gilets pare-balles à des journalistes somaliens. Avec huit journalistes tués en 2009, la Somalie est le deuxième pays le plus meurtrier du monde pour les médias, après les Philippines. Le pays occupe la 164e place (sur 175 pays) du classement 2009 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières. Photo : AFP/Mohamed Dahir
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Updated on 20.01.2016