Trois journalistes menacés de mort par des militaires et des partisans de François Bozizé

Dans une lettre adressée au président centrafricain, par ailleurs candidat à sa propre succession lors des élections législatives et présidentielle du 13 mars et du 8 mai 2005, Reporters sans frontières a demandé à François Bozizé de « s'engager personnellement » à faire cesser les actes d'intimidation dont ont été victimes trois journalistes, ces dernières semaines, de la part d'officiers de la garde présidentielle et de partisans de la « Convergence nationale Kwa Na Kwa ». « La période que traverse la République centrafricaine est cruciale et ces méthodes d'intimidation l'entachent sérieusement, a notamment écrit l'organisation dans sa lettre, datée du 19 mai 2005. Avant d'avoir à déplorer des violences de plus grande ampleur ou d'assister, passifs, au naufrage d'un processus de transition observé avec espoir par tout le continent africain, nous vous exhortons à prévenir toute dégradation du climat. » A partir du 8 mai 2005, Zéphirin Kaya et Patrick Akibata, journalistes de Radio Ndeke Luka (RNL) ont été plusieurs fois menacés de mort par des membres de la garde présidentielle ou des partisans de François Bozizé pour leur couverture du processus électoral en République centrafricaine et leur prétendue participation à une « campagne de désinformation ». Les 14 et 15 mai, notamment sur les ondes de Radio Centrafrique, des menaces identiques ont été proférées par le candidat Edouard Ngaïssona et son directeur de campagne, ainsi que par un auditeur anonyme intervenant par téléphone, à l'encontre de Zéphirin Kaya et Maka Gbossokoto, directeur de publication du quotidien indépendant Le Citoyen et correspondant de Reporters sans frontières. Le même jour, à l'aéroport de Bangui-M'Poko, le lieutenant Gbadora, chef de corps adjoint de la sécurité aéroportuaire, a proféré des menaces de mort à l'encontre de Zéphirin Kaya, allant jusqu'à tenter en vain de l'interpeller. Le 17 mai dans la soirée, le lieutenant Gbadora a de nouveau réitéré ses menaces par téléphone à l'encontre des journalistes Zéphirin Kaya et Maka Gbossokoto. « Reporters sans frontières prend au sérieux les menaces de mort proférées contre Zéphirin Kaya, Patrick Akibata et Maka Gbossokotto par des hommes se réclamant de votre autorité, conclut Reporters sans frontières. De plus, que des membres des corps habillés puissent s'en prendre violemment à trois journalistes et jouir de l'impunité ajoute au scandale. Notre organisation vous demande de vous engager personnellement à mettre fin à ces graves atteintes à la liberté de la presse et à en sanctionner les auteurs en toute transparence. »
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Updated on 20.01.2016