Trois journalistes du Jour Plus condamnés à une lourde amende, leur avocat fait appel

Le 18 septembre 2006, Coulibaly Seydou, Frédéric Koffi et Edouard Gonto, respectivement directeur de publication, rédacteur en chef et journaliste du quotidien privé Le Jour Plus, ont été condamnés collectivement à une amende de 15 millions de francs CFA (22 867 euros) par le tribunal d'Abidjan. Ils ont été reconnus coupables d' “offense au chef de l'Etat”. L'appel interjeté par leur avocat, Me Aka, est suspensif. ----------------------------------- 14.09.06 - Le directeur de publication, le rédacteur en chef et un journaliste du Jour Plus inculpés d' "offense au chef de l'Etat" Reporters sans frontières demande à la justice ivoirienne de reconnaître qu'Edouard Gonto et Coulibaly Seydou, respectivement journaliste et directeur de publication du quotidien privé Le Jour Plus, n'ont pas eu droit à une procédure équitable et doivent être relaxés. Les deux journalistes, arrêtés le 12 septembre 2006, ont été remis en liberté le 13 septembre en fin de journée, après que le procureur de la République leur a signifié leur inculpation pour "offense au chef de l'Etat". Les deux journalistes sont convoqués devant un tribunal d'Abidjan le 15 septembre, en compagnie du rédacteur en chef du Jour Plus, Frédéric Koffi, qui coordonnait la rédaction le jour de la parution de l'article incriminé, en l'absence du directeur de publication. Ils risquent d'être condamnés à payer une amende pouvant aller jusqu'à 20 millions de francs CFA (environ 30 500 euros). "Certes, la remise en liberté de ces deux journalistes est une bonne nouvelle, mais ils n'auraient jamais dû être arrêtés et maintenus en détention. Pour faire valoir ses droits, la présidence ivoirienne dispose de nombreux recours, comme la publication d'un droit de réponse, d'un démenti ou la saisine des organes de régulation des médias. Au lieu de quoi, elle a préféré utiliser une méthode archaïque et à la limite de la légalité", a déclaré Reporters sans frontières. --------------- 13.09.2006 - Deux journalistes arrêtés pour avoir mis en cause la responsabilité de Simone Gbagbo dans l'affaire des déchets toxiques Reporters sans frontières est scandalisée par l'arrestation d'Edouard Gonto et de Coulibaly Seydou, respectivement journaliste et directeur de publication du quotidien privé Le Jour Plus, après la publication d'un article mettant en cause la responsabilité de Simone Gbagbo, l'épouse du chef de l'Etat, dans l'affaire des déchets toxiques déversés à Abidjan. "Comment comprendre cette situation scandaleuse, sinon en acceptant l'idée qu'il existe des exceptions à la légalité dès lors que l'épouse du Président est mise en cause par la presse ? Le fait qu'un journal brise un tabou ne peut pas servir de prétexte aux manoeuvres les plus archaïques, comme celle qui consiste à ruser avec la loi pour faire incarcérer deux journalistes. Il n'existe aucune autre option que la remise en liberté d'Edouard Gonto et de Coulibaly Seydou", a déclaré Reporters sans frontières. Le 12 septembre 2006, Edouard Gonto et Coulibaly Seydou ont été convoqués par le procureur de la République suite à la parution d'un dossier sur l'affaire des déchets toxiques déversés à Abidjan, qui a provoqué des intoxications meurtrières. Placés en garde à vue, les deux journalistes ont passé la nuit à la Brigade de recherche de la gendarmerie, avant d'être déférés au parquet le lendemain. Leur comparution au parquet n'étant pas terminée, on ignore encore quelles charges seraient retenues contre eux. En une de son édition du 11 septembre, Le Jour Plus avait publié un dossier intitulé : "Déchets toxiques : Mme Gbagbo au coeur du scandale". Dans l'un des articles, Edouard Gonto affirme que Simone Gbagbo, l'épouse du président Laurent Gbagbo, le directeur général du Port autonome d'Abidjan et le gouverneur du district d'Abidjan ont autorisé la transaction ayant permis au propriétaire du navire Probo Kaola de déverser des déchets en différents points de la ville, à travers une société fondée pour l'occasion. Selon l'article, la présidence ivoirienne ignorait toutefois qu'il s'agissait de déchets toxiques et aurait été induite en erreur sur leur quantité. Depuis la réforme adoptée en 2005, les délits de presse ne sont plus passibles de peines de prison en Côte d'Ivoire.
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Updated on 20.01.2016