Trois journalistes condamnés à des peines de prison

Mohammed el Hourd, directeur de l'hebdomadaire Asharq, (publication d'Oujda, nord-est du pays), son rédacteur en chef, Abdelmajid Ben Tahar, et Mustapha Kechnini, directeur de l'hebdomadaire Al Hayat al Maghribia (publication d'Oujda), ont été condamnés, le 4 août, à des peines allant de un à trois ans de prison pour " incitation à la violence ". "Nul ne peut contester la lutte - légitime - contre le terrorisme engagée par les autorités marocaines. Néanmoins, il s'agit de raison garder et de ne pas faire l'amalgame entre journalistes et intégristes, comme ce fut le cas lors de ce procès. Face à ce nouveau défi que constitue la lutte contre le terrorisme, les journalistes doivent redoubler de prudence. Mais, là encore, infliger une peine de prison suite à la publication d'écrits susceptibles de recevoir des interprétations très diverses constitue un précédent dangereux. Nous demandons la libération immédiate de Mohammed el Hourd et espérons que, lors du procès en appel, les peines de prison seront annulées " , a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières. Le 4 août dans la soirée, le tribunal de première instance de Rabat a condamné Mohammed el Hourd à trois ans de prison, et Abdelmajid Ben Tahar et Mustapha Kechnini à un an de prison. Leurs publications, Asharq et Al Hayat al Maghribia, ont été suspendues pour une période de trois mois. Mustapha Kechnini était poursuivi pour avoir publié, dans l'édition n°118 de Al Hayat al Maghribia (parue le 5 mai 2003), un texte d'un islamiste, Zakkaria Boughrara, qui faisait l'éloge de " l'action et du mouvement jihadiste au Maroc ". Ce même texte avait été publié par Asharq le 5 juin. Selon un responsable du ministère de la Justice, les trois journalistes ont été condamnés en vertu du code de la presse. Le 4 août, Zakkaria Boughrara a été condamné par le même tribunal à dix ans de prison pour avoir "incité à la violence" en ayant, entre autre, écrit le texte paru dans les deux publications d'Oujda. La cour avait rejeté, à l'ouverture du procès, une requête de la défense réclamant la dissociation du dossier des trois journalistes de celui de Zakkaria Boughrara. Le 13 juin, Mustapha Kechnini, Mohammed el Hourd et Abdelmajid Ben Tahar avaient été placés en garde à vue sur ordre du procureur général du roi. Mustapha Kechnini et Abdelmajid Ben Tahar avaient été mis en liberté provisoire le 10 juillet. Le 11 juillet, Mustapha Alaoui, directeur de publication de l'hebdomadaire arabophone Al Ousboue, avait été condamné, lui, à un an de prison avec sursis et à la suspension de sa publication pour trois mois. Il avait été arrêté le 5 juin, peu après la sortie en kiosque de son hebdomadaire, qui avait reproduit, en une, un texte d'une organisation inconnue se faisant appeler Assaïqa. Celle-ci revendiquait la préparation de trois des cinq attentats de Casablanca. Le journaliste était poursuivi pour "dissimulation d'un document de nature à faciliter l'enquête sur des délits et diffusion de fausses informations de nature à troubler l'ordre public ". Il a été relâché le 12 juillet.
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Updated on 20.01.2016