Trois journalistes arrêtés depuis l'amendement du Code pénal

RSF s'inquiète de la multiplication des détentions de journalistes depuis la révision du Code pénal en octobre dernier

 Dans une lettre adressée au Premier ministre, Ali Abou-al-Ragheb, Reporters sans frontières (RSF) a protesté contre la multiplication des détentions de journalistes suite aux amendements du Code pénal le 9 octobre 2001. La révision a, en effet, étendu le champ de délit de presse et en alourdit les peines. "Ces arrestations démontrent que les journalistes ne peuvent pas librement publier des informations qui éclaireraient les lecteurs sur une affaire concernant l'Etat jordanien", a déclaré le secrétaire général de l'organisation, Robert Ménard, qui demande aux autorités la libération immédiate des journalistes. "Ces détentions sont également une illustration des effets négatifs du nouveau Code pénal qui va dans un sens plus restrictif à l'égard de la liberté de la presse", a-t-il ajouté. Selon les informations recueillies par RSF, Hachem al-Khalidi, rédacteur en chef de l'hebdomadaire jordanien Al-Bilad, s'est rendu le 17 mars 2002 aux autorités et ce, quelques jours après la publication d'un article paru dans le dernier numéro d'Al-Bilad. Le procureur général de la Cour de sûreté de l'Etat, le colonel Muhamad Hijazi, avait, en effet, ordonné le 16 mars la détention du journaliste, accusé de "propager des informations portant atteinte à la réputation de l'Etat et à ses responsables". Hachem al-Khalidi a ensuite été interrogé dans la soirée par ce même procureur qui a alors décidé de prolonger de quinze jours sa détention. Dans l'article incriminé, intitulé "Le scandale de l'assurance", Hachem al-Khalidi avait dénoncé un système de détournement de fonds publics au sein du gouvernement jordanien. Il avait déclaré, sans les nommer, que certains ministres "profit(ent) financièrement" d'une décision des autorités de doubler les tarifs d'assurance des automobiles. Le propriétaire et président du conseil d'administration du même journal, Al-Bilad, Tajeddine Hroub, avait été mis en détention le lendemain soir en raison de son rôle central, en tant que responsable de publication, dans la parution de l'article d'Hachem al-Khalidi. il a été relâché le 19 mars. L'ancienne députée jordanienne, Toujan Fayçal, est également détenue depuis le 16 mars pour les mêmes charges que celles d'Hachem al-Khalidi. Elle avait publié sur le site Internet d'Arab Times un article qui évoquait la même affaire.
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Updated on 20.01.2016