Trois journalistes agressés pour avoir pris des photos d'une altercation entre deux parlementaires

Pour avoir pris des photos d'une altercation entre des députés, trois journalistes ont été agressés et leur matériel endommagé. Reporters sans frontières appelle les membres du Parlement à adopter un comportement digne de leur charge.

Reporters sans frontières condamne le comportement des députés jordaniens qui ont agressé Mohammed Kissawani, Mohammed Al Rafayah et Ousama Al Rifai, trois photographes de presse qui couvraient la session parlementaire du 11 décembre 2006 pour les quotidiens Al-Dustour, Al-Arab Al-Youm et Al-Ghad. “Il est inadmissible que de tels actes de violence envers la presse soient perpétrés par les garants du droit et de la Constitution dans l'enceinte même du Parlement. Nous appelons les responsables politiques jordaniens à adopter un comportement digne de leur charge”, a déclaré l'organisation. Lors d'un vote relatif aux Commissions parlementaires, une empoignade a éclaté entre Mohammed Adwan, député du 7e district d'Amman, et Abed Thawabieh, député du 2e district de Balqa. Trois autres parlementaires - Mefleh Rheimi, Ghaleb Zubi'i et Hatem Sarayeh - sont alors intervenus pour séparer les deux hommes. Les cinq députés s'en sont ensuite pris verbalement à tous les journalistes qui assistaient à la scène. Trois d'entre eux, qui prenaient des photos, ont été agressés. Le matériel de Mohammed Al Rafayah a été endommagé et le président de la Chambre des députés, Abdul Hadi Majali, a ordonné la confiscation de tous les appareils photo. En réaction à ces événements, perçus comme une insulte envers la presse, quatre quotidiens de langue arabe Al-Dustour, Al-Arab Al-Youm, Al-Ghad et Al-Rai ont boycotté les activités du Parlement jusqu'à ce que des excuses soient présentées aux journalistes agressés et que leur matériel leur soit rendu. Dans un communiqué commun, publié le soir du 11 décembre, ces journaux ont qualifié d'”injustifiée” cette attaque “commise par des membres du Parlement alors qu'ils sont supposés garantir la démocratie ainsi que le droit, constitutionnellement protégé, de la presse, à couvrir des sujets d'intérêt public”. Joint par Reporters sans frontières, le député Abed Thawabieh a affirmé qu'il s'agissait d'un “incident isolé” qui ne remettait pas en question son respect de la liberté de la presse. Par ailleurs, lors d'une rencontre avec le Syndicat de la presse, le 12 décembre 2006, le président de la Chambre des députés a présenté ses excuses aux journalistes agressés et s'est engagé à faire réparer la caméra endommagée.
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Updated on 20.01.2016