Triste anniversaire pour la liberté d'expression au pays de Ben Ali

À la veille du 23e anniversaire de l'arrivée au pouvoir du président Zine el-Abidine Ben Ali, Reporters sans frontières rappelle la situation dramatique de la liberté d'expression en Tunisie. Prisonnier de conscience en danger Emprisonné depuis le 15 juillet 2010 à sa sortie de l'hôpital Ferhat Hached de Sousse, où il était venu chercher les résultats de ses examens médicaux, le cameraman de la chaîne privée El Hiwar Ettounissi, Fahem Boukadous, entame aujourd’hui son 115e jour de détention. Gravement asthmatique, le journaliste a commencé une grève de la faim illimitée depuis le 8 octobre dernier. Il refuse également de prendre ses médicaments. Suite à ses dernières visites à son mari, l'épouse du journaliste, Afef Bennaceur, faisait part à Reporters sans frontières de sa préoccupation quant à la dégradation rapide de son état de santé. Sujet à de violentes crises d'asthme, Fahem Boukadous a perdu plus de cinq kilos et continue d'être détenu dans des conditions incompatibles avec sa maladie. Reporters sans frontières rappelle qu’agissant ainsi, le gouvernement tunisien viole les dispositions des Conventions de Genève sur le droit des prisonniers et le Pacte international des droits civils et politiques, dont la Tunisie est signataire. Afef Bennaceur est soumise à un contrôle policier quotidien et permanent. Dans la nuit du 18 au 19 juillet 2010, des inconnus ont tenté de pénétrer par effraction dans sa boutique. Le 27 octobre 2010, alors qu'elle revenait d'une réunion avec des grévistes de l’enseignement secondaire, Afef a été frappée et insultée par des agents de la sécurité, dans le ville de Gafsa, en plein jour (pour information : http://fr.rsf.org/tunisie-100eme-jour-de-detention-pour-22-10-2010,38645.html). Internet sous contrôle L'oppression contre la liberté d'expression est générale. Le pays de Zine el-Abidine Ben Ali est l’un des plus liberticides en ce qui concerne Internet. Les sites communautaires de partage et d’échange de données en ligne tels que Dailymotion, YouTube ou Facebook sont régulièrement bloqués en raison de la publication de contenus critiquant la politique du président. Les e-mails de certains défenseurs des droits de l’homme sont également filtrés (pour information : http://fr.rsf.org/tunisie-un-blog-ferme-apres-la-24-10-2008,32226.html). "Statut avancé" contre recul des libertés? Reporters sans frontières rappelle son opposition aux négociations en cours entre l’Union européenne et la République tunisienne, destinées à octroyer à la Tunisie un statut de partenaire avancé, en l’absence de l’abrogation de l’amendement de l’article 61 bis du code pénal tunisien. Cette disposition, adoptée en juin 2010 par le Parlement tunisien, vise à criminaliser “des personnes qui établissent, de manière directe ou indirecte, des contacts avec des agents d’un Etat étranger, d’une institution ou d’une organisation étrangère dans le but de les inciter à porter atteinte aux intérêts vitaux de la Tunisie et à sa sécurité économique”. Les personnes incriminées pourront être condamnées à des peines allant de cinq à douze ans de prison ferme (pour information : http://fr.rsf.org/tunisie-adoption-d-un-amendement-visant-a-17-06-2010,37759.html). Rien ne saurait justifier la multiplication des entraves à la liberté d'expression dans le pays. Reporters sans frontières exige que Fahem Boukadous soit libéré immédiatement et que le contrôle administratif dont Afef Bennaceur est l'objet cesse. La Tunisie figure au 164e rang sur les 178 pays du classement mondial pour la liberté de la presse de Reporters sans frontières pour l’année 2010, chutant de 10 places depuis les élections présidentielle et législatives du 25 octobre 2009 (pour information : http://fr.rsf.org/press-freedom-index-2010,1034.html).
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Updated on 20.01.2016