Témoignage d’Azza Zarrad, sur les conditions de détention de son mari Taoufik Ben Brik

Avez-vous enfin pu parler à Taoufik Ben Brik ? Jalel Zoghlami, son frère et moi, avons rencontré le directeur de la prison qui a décidé de fixer lui-même les sujets de conversation pendant nos visites avec Taoufik. Il nous a prévenus : « Vous ne parlerez de rien. Les enfants et la famille c’est tout. » Nous n’avons pas eu le droit de lui parler du mouvement de solidarité qui réclame sa libération. Cinq minutes nous ont été accordées. Nous avons évoqué sa santé défaillante. En temps normal, Taoufik doit effectuer des analyses médicales tous les trois mois, il n’en est rien en prison. Nous refusons qu’il subisse ces analyses en prison. Comment se passe votre vie quotidienne en son absence ? Par exemple, ce matin, lorsque je suis sortie de chez moi pour faire quelques courses, deux voitures ont coincé la mienne. Des femmes en sont sorties pour m’insulter devant tout le monde. J’ai dû attendre leur départ pour m’en aller. Sur la route de la prison, nous avons été arrêtés injustement pour excès de vitesse par des policiers qui ont bloqué la route. Nous sommes ainsi arrivés en retard pour la visite hebdomadaire. Je me sens isolée, ma connexion Internet a été coupée ainsi que mon téléphone. Il m’est très difficile de parler avec des personnes aussi en bien en Tunisie qu’à l’étranger. Les personnes soutenant la demande de libération de mon mari ont beaucoup de problèmes et font l’objet d’une campagne de calomnie dans les médias. Qu’en est-il de l’avenir de Taoufik Ben Brik ? La date du procès en appel ne nous a toujours pas été communiquée et ses avocats n’ont pas le droit de lui rendre visite. Taoufik Ben Brik a été condamné, le 26 novembre, à six mois de prison ferme, pour une prétendue agression et est incarcéré à la prison de Siliana à 130 km de Tunis depuis le 29 novembre 2009. Photographie AFP
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Updated on 20.01.2016