Syrie : RSF appelle les autorités locales à al-Bab à libérer le journaliste Bakr al-Qassem
Mise à jour du 03/09/2024 : Bakr al-Qassem a été libéré le matin du 3 septembre 2024, une semaine après le début de sa détention à al-Bab. RSF est soulagée qu'il soit libre et qu'il ait retrouvé sa famille.
Les journalistes indépendants Bakr al-Qassem et Nabiha Taha ont été arrêtés le 26 août, alors qu'ils rentraient chez eux après avoir réalisé un reportage dans le nord-ouest de la Syrie. Si Nabiha Taha a été libéré, Bakr al-Qassem, collaborateur régulier de l’Agence France-Presse (AFP) et de l’agence de presse turque Anadolu reste lui détenu. Reporters sans frontières (RSF) demande la libération immédiate de ce journaliste privé d’avocat et de visite.
Le couple de journalistes Bakr al-Qassem, 29 ans, et Nabiha Taha, 25 ans, rentraient chez eux en voiture après avoir effectué un reportage sur une exploitation industrielle dans la ville d’al-Bab, à 30 km d’Alep. “Plusieurs policiers et voitures nous attendaient près du rond-point d'Alep, témoigne Nabiha Taha à RSF. Je les ai entendu dire ‘c'est lui’ et ils nous ont arrêtés. Ils m'ont éloignée de Bakr, m'ont mise dans une voiture, lui dans une autre. Depuis, je n'ai plus de nouvelles de lui”, s’inquiète la journaliste pigiste qui elle travaille pour le site d’information en ligne Halab Today TV.
Nabiha Taha a été conduite à un poste de police à al-Bab, où elle a été interrogée sans que ne lui soit donné la raison de son arrestation ni celle de son mari. “Ils m'ont relâchée deux heures plus tard, raconte-t-elle, mais ont refusé de me dire quelles étaient les accusations ou les charges retenues contre moi ou Bakr”. En rentrant chez elle, la journaliste s’est rendu compte que leur maison avait été fouillée et que des documents, du matériel, et des affaires personnelles avaient été saisis. Bakr al-Qassem aurait lui été emmené dans un centre de détention à Hawar Kilis, à 50 kilomètres au nord d’al-Bab, privé d'avocat et de visite, selon les informations recueillies par RSF.
D’après l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), le journaliste et son épouse auraient été arrêtés par les services de renseignement turcs et la police militaire. Le chef du “gouvernement intérimaire” syrien qui administre ces régions, Abdurrahman Mustafa, a nié avoir connaissance de l'arrestation du journaliste lorsqu'il a été interpellé par l'AFP.
“RSF condamne la détention arbitraire des journalistes Bakr al-Qassem et Nabiha Taha par les autorités locales dans la ville d'al-Bab. Si Nabiha Taha a été libérée lundi soir, Baqr al-Qassem reste toujours enfermé selon nos informations. Nous appelons les autorités locales, et toutes les parties impliquées dans son arrestation, à le libérer immédiatement et à lui rendre ses affaires et son matériel confisqué. Le harcèlement des journalistes doit cesser dans ce pays qui est l'un des plus dangereux au monde pour les professionnels de l'information, avec la 179e place sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2024.”
Collaborateur de l'agence de presse turque Anadolu et de l’AFP, Bakr al-Qassem détient les cartes de presse de ces médias internationaux. Journaliste depuis plus de 10 ans, il a couvert, selon l’AFP, de nombreux épisodes de la guerre en Syrie, ainsi que le tremblement de terre meurtrier de février 2023, dans lequel il a perdu 17 membres de sa famille.
Depuis la révolution syrienne et la guerre qui a suivi, le nord-ouest de la Syrie est sous le contrôle de factions rebelles connues sous le nom de l'Armée syrienne libre et soutenues par la Turquie. Ankara les a réunies sous l'appéllation de l'Armée nationale syrienne en 2017.