Syrie

Nom de domaine : .sy
Population : 22 198 110
Internautes : 3 935 000
Prix moyen d’une heure de connexion dans un cybercafé : 1 euro à 1.50 euro
Salaire mensuel moyen : 791 euros
Nombre de net-citoyens emprisonnés : 3 La Syrie renforce la censure des sujets gênants sur le Web et traque les net-citoyens qui osent s'y exprimer librement. Les réseaux sociaux sont touchés de plein fouet. La surveillance est omniprésente. Les améliorations technologiques annoncées tardent à se concrétiser. La méfiance des autorités envers le potentiel de mobilisation des dissidents en ligne n'y est pas étrangère. Développement contrôlé d'Internet Le nombre d'utilisateurs a connu une augmentation exceptionnelle en dix ans. Plus de 16,5 % de la population utilise Internet. Les conditions d'accès ont été facilitées. Désormais, chacun peut acheter une carte prépayée d'accès à Internet et se connecter. Plus besoin de donner des informations personnelles, celles-ci sont déjà enregistrées lors de l'acquisition de lignes de téléphone fixe. Mais les connexions via ADSL ou 3G restent chères et donc limitées. Les connexions par satellite sont interdites, sauf permission expresse des autorités. Le contrôle d'Internet est confié à deux organismes gouvernementaux, l'Etablissement syrien des Télécommunications (EST) et l'Organisation syrienne de l'Information (OSI), qui gèrent la bande passante. Depuis 2005, plusieurs fournisseurs d'accès privés ont vu le jour, mais ils sont loin d'être indépendants. Selon l'Arabic Network for Human Rights Information, alors que l'accès à Internet s'est beaucoup développé, l'infrastructure a peu évolué, provoquant des problèmes d'engorgement, des ralentissements de la vitesse de connexion et des coupures fréquentes. Le ministère de la Communication a annoncé le “développement global et la réforme de l'Internet”, mais dans les faits, cette stratégie piétine. La qualité du câble qui relie la Syrie à Chypre devrait être améliorée, ainsi que la capacité de la bande passante. Un nouveau câble sous-marin pourrait être mis en place. Le gouvernement, qui a longtemps minimisé sa présence sur le Web, a fait volte-face : les sites de propagande ou ceux défendant la position officielle se multiplient, comme la Syrian News Agency (SANA), ou bien les sites de Syria News, Al-Gamal, Sada Suria and Sham Press. Le logiciel Thundercache est utilisé par l'EST et l'OSI pour assurer un contrôle centralisé de la Toile. Il permet, selon la propre définition de la compagnie qui le commercialise, Platinum Inc, de “protéger les communications Internet contre les logiciels espions, les virus, la navigation Web inappropriée, la messagerie instantanée, le streaming et le partage de vidéos en P2P, tout en améliorant la performance du Web”. Il instaure une surveillance et un filtrage de sites en repérant des mots clés “interdits” désignés par les autorités. Filtrage de contenus particuliers La censure s'est accentuée depuis 2009. Plus de 200 sites sont bloqués à ce jour. Les contenus touchés concernent les critiques politiques, les affaires religieuses et les sites jugés “obscènes”, les sites traitant de la minorité kurde et ceux basés en Israël. Sont également concernés les sites des partis d'opposition, de certains journaux libanais et des sites d'informations indépendants. Quelles sont les excuses avancées par le gouvernement ? Empêcher les troubles confessionnels et l'infiltration d'Israël. Les censeurs visent en particulier les réseaux sociaux et les plate-formes de blogs. Il s'agit d'empêcher les dissidents de s'organiser et de recruter de nouveaux membres grâce aux nouveaux médias. Blogspot et Maktoob sont bloqués. YouTube est inaccessible depuis août 2007 suite à la diffusion de vidéos dénonçant la répression de la minorité kurde. La version en arabe de Wikipedia a été bloquée entre mai 2008 et février 2009. Amazon et Skype sont également censurés. Emprisonnés pour s'être exprimés librement sur Internet Au moins quatre net-citoyens sont derrière les barreaux. Ils servent d'exemples à d'autres internautes, qui préfèrent s'autocensurer plutôt que de perdre leur liberté pour quelques commentaires en ligne. Les autorités ont plusieurs armes légales à leur disposition : elles utilisent le code pénal, la loi d'urgence de 1962 et le répressif Code de la presse de 2001, amendé en 2005 pour couvrir les publications en ligne. Le blogueur Tariq Biassi (http://alzohaly.ektob.com/) a été condamné en mai 2008 à trois ans de prison pour avoir posté un article critiquant les services de sécurité syriens sur un forum Internet. Il a été reconnu coupable de "publication de fausse information" et d’"affaiblissement du sentiment national" en vertu des articles 285 et 286 du code pénal syrien. Il avait nié tous les faits qui lui étaient reprochés et assuré que les commentaires publiés n’étaient pas les siens car il partageait sa ligne téléphonique avec six autres abonnés, dont un cybercafé. Le blogueur Kareem Arbaji, qui est aussi administrateur du forum Akhawiya, a été condamné en septembre 2009 à trois ans de prison pour “publication de fausses nouvelles qui minent le moral du pays”. Il avait été arrêté en 2007 et aurait été torturé en détention. Le 6 mai 2008, des agents de sécurité du gouvernement syrien ont arrêté Habib Saleh, écrivain et cyberdissident, sans fournir d’explication. Le 9 avril 2008, l’écrivain et poète Firas Saad a été condamné à quatre ans de prison pour les mêmes chefs d’accusation que Tariq Biassi. Internautes en observation Les autorités ne relâchent jamais leurs efforts de surveillance : elles ont pu identifier Tariq Biassi en retrouvant l’origine de la connexion Internet. Depuis le 25 juillet 2007, elles imposent aux propriétaires de sites de conserver les données personnelles des auteurs d’articles et de commentaires. Les descentes de police dans les cybercafés sont choses courantes. Les agents proposent aux internautes pris en délit de “surf intempestif” d'aller “prendre un café”, synonyme de “se faire interroger”. Les gérants doivent conserver les données personnelles et la liste des sites consultés. Ils doivent prévenir les autorités s'ils constatent des activités illégales. Les utilisateurs doivent même donner le nom de leurs père et mère ! En 2009 un collaborateur du site Menassat a été brièvement interpellé dans un cybercafé. Emergence de groupes de pression en ligne De nombreux internautes maîtrisent l'usage des outils de contournement de la censure. Certains utilisent des connexions via des serveurs libanais ou saoudiens. Quand les autorités commencent à bloquer les proxies les plus utilisés, d'autres se créent. Facebook a été bloqué lorsque des Syriens ont commencé à devenir amis avec des Israéliens. Cependant, les internautes y accèdent désormais grâce à des proxies. Le réseau social est très populaire dans le pays. Il existe des centaines de groupes, qui comptent des centaines voire des milliers de membres, dédiés au tourisme, aux affaires, au sport, aux technologies et au divertissement. Sous la pression générale, les autorités seraient en train d'étudier la possibilité de débloquer Facebook. Des groupes de pression en ligne se sont formés pour exprimer des revendications économiques ou sociales. Une campagne en ligne contre un projet de loi sur la modification du statut personnel semble avoir joué un rôle crucial dans la décision du gouvernement de l'abandonner. Des blogueurs ont lancé un appel à boycotter les fournisseurs de téléphones portables pour des raisons de surcoût et de baisse de la qualité de service. La mobilisation s'est également faite en faveur des blogueurs emprisonnés. Malgré la répression, des net-citoyens courageux sont capables de s'organiser. Ils attendent de pied ferme que les améliorations techniques à venir – indispensables pour le futur économique du pays – leur donnent encore plus d'options pour contourner la censure. Liens : http://www.All4syria.com (arabe) : site d’informations sur la Syrie, censuré dans le pays
http://www.arabnews.com (anglais) : site d’informations sur les pays arabes
http://opennet.net/research/profiles/syria (anglais) : tests de l’Open Net Initiative sur le réseau syrien.
http://www.ya-ashrafe-nnas.blogspot.com (anglais) : "Decentering Damascus", blog de Razan, défenseur syrien de la liberté d’expression sur Internet et l’un des initiateurs de la campagne en faveur de la libération de Tariq Biasi.
Publié le
Updated on 20.01.2016