Suspension d'un journal: la liberté d’expression est chaque jour mise à mal

Reporters sans frontières condamne à nouveau les pressions exercées par les autorités iraniennes sur la presse écrite. Le quotidien Etemad-e Melli du candidat protestataire Mehdi Karoubi, a été suspendu, le 17 août 2009, pour avoir publié des articles dénonçant des cas de tortures et de viols dans les prisons de la République islamique. Par ailleurs, l’organisation exprime son inquiétude concernant la situation des journalistes emprisonnés, notamment Kivan Samimi Behbani et Henghameh Shahidi. “Les journalistes, comme l’ensemble des personnes arrêtées et incarcérées depuis le 12 juin, sont victimes de tortures et de mauvais traitements. Personne, pas même leurs avocats, n’a pas pu d’obtenir d’informations sur leurs dossiers. La vie des journalistes emprisonnés est en danger. Nous demandons que les représentants du Haut commissariat aux droits de l’homme puisse entrer dans le pays et visiter les prisons ", a déclaré l’organisation. Le 16 août au soir, Etemad-e Melli a été empêché de sortir de l’imprimerie, du fait de la présence dans le numéro daté du lendemain, d’un article de Mehdi Karoubi. L’ancien candidat à la présidentielle contestant la réélection de Mahmoud Ahmadinejad y répondait aux attaques et critiques formulées par les journaux proches du pouvoir. En effet, dans une lettre ouverte datée du 29 juillet, Mehdi Karoubi avait affirmé que des jeunes détenus avaient été victimes de mauvais traitements, et même de viols. « Les jeunes ont été sauvagement violés. Ils souffrent depuis de dépression et de sérieux problèmes psychologiques et physiques », avait-il écrit. A la suite de ces dénonciations publiques, les journaux et les proches du Guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, et de Mahmoud Ahmadinejad ont sévèrement répliqué à Mehdi Karoubi, l’accusant de divulguer de "fausses informations“. Le 17 août, la 13ème chambre du parquet de Téhéran a confirmé au bureau de presse du ministère de la Culture et de l’Orientation islamique la suspension d’Etemad-e Melli « jusqu’à nouvel ordre », pour « publication d’informations illégales et d’articles allant à l’encontre de la sécurité nationale ». Depuis le 13 juin, les journaux sont sous le contrôle du procureur de Téhéran. Les services de sécurité vérifient le contenu des publications et les informations avant parution. Depuis cette date Etemad-e Melli a été plusieurs fois imprimé avec des colonnes laissées vierges, en raison des coupes des censeurs. Par ailleurs, Reporters sans frontières s’inquiète de la situation des journalistes emprisonnés, Kivan Samimi Behbani et Henghameh Shahidi. Selon les informations recueillies par l’organisation, ces deux journalistes, placés en isolement depuis leur arrestation, subissent de fortes pressions. Kivan Samimi Behbani, journaliste indépendant, et ex-directeur du mensuel indépendant Nameh ("La lettre") suspendu en 2005, a été arrêté le 13 juin. Depuis, il n’a pas pu contacter sa famille. Henghameh Shahidi, qui collabore à plusieurs publications réformatrices, a été arrêtée le 29 juin. Elle souffre de problèmes cardiaques. Sa mère, qui a pu lui rendre visite une seule fois, le 13 août, s’est déclarée inquiète au sujet de son état de santé. L’organisation a appris la libération, le 17 août, du journaliste en ligne Kaveh Mozafari, arrêté le 9 juillet. Les photographes Marjan Abdolahyan et Satyar Emami ont également été relâchés le 10 août 2009. Les réalisateurs et documentaristes, Mahnaz Mohammadi, et Rokhsareh Ghaemmaghami arrêtées le 29 juillet dans le cimetière de Behesht-e Zahra (sud de Téhéran) ont également été libérées au début du mois d’août. Ces libérations ne sont que « provisoires ». Dans l’attente de leur jugement, les journalistes peuvent être convoqués et réincarcérés à tout moment.
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Updated on 20.01.2016