Suspension d’un quotidien réformateur six jours après son lancement

Reporters sans frontières condamne la suspension du quotidien réformateur Aseman (Le Ciel), le 20 février 2014. Le journal a été suspendu après la parution de seulement six numéros suite à la plainte déposée par le vice-procureur de Téhéran et sur ordre du tribunal de Téhéran pour les médias. « Cet acte de censure est inadmissible. Il est révélateur de la guerre des médias dirigée par les Gardiens de la Révolution et orchestrée par la justice iranienne, au détriment de la liberté de l'information. Nous exigeons la réouverture immédiate du journal », a déclaré Reporters sans frontières. Le quotidien Aseman a été suspendu pour avoir publié dans son numéro du 18 février 2014 un article dans lequel un homme politique et professeur d’université se prononce, en faisant référence à un événement qui s’est déroulé dans les années 80, contre « la loi inhumaine de la qisas (loi du talion)». Ce principe controversé est l’une des dispositions principales du code pénal islamique. Il est largement critiqué par toutes les organisations internationales et nationales de défense des droits de l'homme. Asseman avait commencé à paraître en 2012 sous la forme d’un hebdomadaire avant d’être autorisé à devenir un quotidien dont le premier numéro venait de sortir, le 15 février 2014. Des le lendemain de la publication de l'article en question, les médias conservateurs et proches des Gardiens de la révolution, à la tête desquels Fars news et Tasnim, ont qualifié les propos qu’il contenait d’ « insulte contre le caractère sacré de l'islam ». Depuis, les condamnations se succèdent. Le 20 février, le site du parquet de Téhéran a annoncé la suspension du journal sur décision du tribunal pour les médias et la culture de Téhéran. Le parquet renvoie le dossier à la justice pour engager des poursuites contre Abass Bozrgmeher, le directeur du journal. Ce dernier avait déclaré : « j'ai expliqué dans l’édito du journal qu’on avait effacé le mot “inhumaine”, son apparition a été une erreur technique. »