Sommet de l'ASEAN - Chape de plomb sur la presse
Organisation :
Deux journalistes australiens - un reporter de l'agence de presse AAP et un envoyé spécial du quotidien The Australian Financial Review - ont été brièvement interpellés par les services de sécurité laotiens en marge du sommet de l'ASEAN. Alors qu'ils tentaient de prendre des clichés du pont de l'Amitié dont la construction a été en partie financée par l'Australie, ils ont été arrêtés par des policiers et conduits dans un commissariat. Leur passeport a été confisqué. Un officier de police a expliqué qu'il était interdit de photographier ce pont depuis que deux roquettes ont explosé le 26 novembre dans cette zone. Un journaliste de l'agence AP avait été empêché par l'armée de s'approcher du lieu de l'explosion.
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26.11.2004
La capitale du Laos accueille, les 29 et 30 novembre 2004, le Sommet des dix pays de l'Association des Nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN). Près de 800 journalistes vont se rendre au Laos pour couvrir cet événement. Reporters sans frontières souhaite que la presse internationale ne se limite pas à la couverture du Sommet, mais enquête sur la situation dramatique des droits politiques, notamment de la liberté d'expression.
Car, au Laos, la presse locale ne pourra pas couvrir librement ce Sommet, les journalistes des médias écrits et électroniques étant fonctionnaires du ministère de l'Information et la Culture. L'autocensure et la censure sont la règle. Le journal du Parti, Paxaxon (Peuple), se présente comme une "publication révolutionnaire élaborée par le peuple et pour le peuple et qui rend service à l'action politique de la Révolution". Le ministère des Affaires étrangères a également son mot à dire sur le contenu des médias. Il est interdit de critiquer les "pays amis", notamment le grand frère vietnamien et la Birmanie. Enfin, le code pénal permet de condamner un individu à une lourde peine de prison pour la "diffusion d'informations qui affaiblissent l'Etat".
Au cours des deux mois précédant le sommet de l'ASEAN, des agents du ministère de l'Intérieur ont procédé au contrôle de milliers de domiciles, demandant aux habitants s'ils possédaient des radios en ondes courtes qui permettent d'écouter les programmes en lao des radios internationales.
Des milliers de policiers et de soldats ont été déployés dans les rues de Vientiane pour assurer la sécurité. Et selon l'agence de presse Reuters, des photographes de presse étrangers ont été empêchés de prendre des clichés dans des lieux publics.
Par ailleurs, deux Hmong du Laos sont emprisonnés à Vientiane pour avoir guidé en 2003 les reporters européens Thierry Falise et Vincent Reynaud. Thao Moua et Pa Phue Khang ont été condamnés, le 30 juin 2003, à des peines de prison allant de 12 à 20 ans. Thierry Falise et Vincent Reynaud continuent à défendre leurs guides qui n'ont fait qu'essayer de "faire connaître la tragédie humanitaire que vit une partie du peuple Hmong". A l'occasion du sommet de l'ASEAN, Reporters sans frontières demande au gouvernement du Laos de libérer ces deux guides qui n'ont été impliqués dans aucun acte de violence.
Depuis des années, la presse étrangère est empêchée de couvrir la situation de la minorité Hmong, et plus particulièrement des groupes isolés dans la jungle qui continuent de lutter contre le gouvernement de Vientiane. Selon Amnesty international, de nombreux civils, essentiellement des enfants, sont morts depuis 2003, " par manque de nourriture ou à la suite de blessures infligées lors du conflit. " En 2004, la presse a été empêchée de vérifier l'information, étayée par une vidéo amateur, sur le viol et l'assassinat de quatre adolescents Hmong par des soldats laotiens dans la zone militaire de Xaisomboune.
Enfin, Reporters sans frontières demande la libération de Thongpaseuth Keuakoun, auteur de nombreux articles et pamphlets sur la situation du Laos et la nécessité de réformes démocratiques, condamné, en 2002, à 20 ans de prison pour "activités antigouvernementales". Il est détenu au secret depuis son arrestation, en 1999.
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20.01.2016