Reporters sans frontières dénonce le harcèlement incessant dont est victime Sihem Bensedrine. Le 19 août 2008, la journaliste indépendante a été empêchée, par des policiers en civil, d'embarquer sur un vol à destination de Vienne, à l'aéroport international Tunis-Carthage.
Reporters sans frontières dénonce le harcèlement incessant dont est victime Sihem Bensedrine. Le 19 août 2008, la journaliste indépendante a été empêchée, par des policiers en civil, d'embarquer sur un vol à destination de Vienne, à l'aéroport international Tunis-Carthage.
"C'est la deuxième fois depuis le début de l'année que Sihem Bensedrine subit des contrôles de police abusifs. L'acharnement des autorités à sen encontre n'a pas de limite. Ses déplacements sur le territoire tunisien sont soumis à une surveillance renforcée, ses communications sont écoutées et le site Internet de son journal Kalima est censuré dans le pays depuis son lancement", a déclaré l'organisation.
"L'espace des libertés en Tunisie ne progresse pas, contrairement à ce qu'avait affirmé le président français Nicolas Sarkozy lors de sa dernière visite. Fermer les yeux sur les exactions perpétrées à l'encontre des défenseurs des droits de l'homme et de la liberté d'expression en Tunisie ne fait qu'encourager les autorités à poursuivre dans cette voie", a ajouté Reporters sans frontières.
Dans la matinée du 19 août 2008, Sihem Bensedrine a été interpellée par des hommes en civil à l'aéroport Tunis-Carthage alors qu'elle s'apprêtait à passer les services de douane. Ils ont procédé à une fouille méticuleuse de son ordinateur portable et ont demandé à la journaliste de les suivre dans leur bureau. Sihem Bensedrine a refusé. "Ils n'ont pas voulu décliner leur identité. La dernière fois que des policiers m'ont demandé de les suivre dans leur bureau, j'avais été battue à l'abri des regards. Je ne leur fais plus confiance", a affirmé la journaliste à Reporters sans frontières. Elle n'a pas été autorisée à embarquer. Les officiers en civil ont confisqué sa carte d'embarquement et l'ont poussé vers la sortie de l'aéroport.
L'engagement de Sihem Bensedrine pour la liberté d'expression lui vaut de nombreuses vexations. Lancé en 1999, son journal Kalima n'a jamais été autorisé à paraître. Fabriqué à ses débuts de manière artisanale et distribué dans le pays sous le manteau,
Kalima est aujourd'hui une plate-forme multimédia, alimentée en contenus depuis l'étranger. Dans sa contribution la plus récente, la journaliste avait dénoncé la décision de l'Etat tunisien d'autoriser des constructions sur la zone archéologique de Carthage Sidi Bou Saïd. "Ainsi pas même le site classé par l'Unesco n'a échappé aux convoitises des affairistes proches du pouvoir et l'Etat a dilapidé un bien public protégé. Dans d'autres pays où un Etat de droit prévaut, les institutions représentatives auraient réagi (...) Mais en Tunisie, la loi, l'Etat et les Institutions, c'est une personne, Ben Ali ! Et le crime n'a pas pu être commis sans son assentiment", a-t-elle écrit.
En mars 2008, Sihem Bensedrine et son mari, Omar Mestiri, avaient été interpellés pendant six heures par des agents de la douane au port de la Goulette, à Tunis. Ils avaient été conduits dans un bureau de la police où ils avaient brutalisés. A ce jour, aucune suite n'a été donnée à la plainte déposée par la journaliste pour "violence" et "séquestration". Leur véhicule, importé de l'étranger, est toujours placé sous scellés pour des motifs abscons.