« Si tu continues d'écrire sur le maire, on te tue »

Reporters sans frontières est scandalisée par les menaces de mort proférées à l'encontre de Mykahilo Kucherak, rédacteur en chef d'Oberih, hebdomadaire indépendant de Péréyaslav-Khmelnytski (sud de Kiev), lors de l'agression dont il a été victime le 14 mai. Ses agresseurs lui ont demandé de cesser immédiatement toute publication critique sur la gestion municipale de Grigori Sokur, membre du parti d'opposition.

Mykahilo Kucherak, rédacteur en chef et propriétaire de l'hebdomadaire indépendant Oberih, a été agressé au matin du 14 mai 2005, dans une rue de Pereyaslav-Khmelnytski (sud de Kiev), par deux inconnus munis d'un couteau et d'un objet métallique. lls ont menacé de l'assassiner s'il continuait de publier des articles sur le maire de la ville, membre du parti d'opposition, Grigori Sokur. « Il est inacceptable qu'un journaliste soit soumis à de telles pressions, alors qu'il ne fait qu'exercer son métier. Lors de son investiture, le président Viktor Iouchtchenko avait déclaré faire de la liberté de la presse une priorité de son mandat. Nous demandons donc au ministre de l'Intérieur, Yuri Lutsenko, de prendre toutes les mesures afin de garantir la sécurité de tous les journalistes et notamment ceux qui travaillent en province, où la répression à l'encontre des médias locaux existe toujours, en dépit de l'espoir qu'avait fait naître l'alternance politique », a déclaré Reporters sans frontières. « C'est la deuxième fois que je suis ainsi menacé de mort. La première agression remonte à l'automne 2002 et elle fut particulièrement violente. J'ai mis un an pour me remettre sur pied. J'ai continué de publier plusieurs articles pour dénoncer le népotisme, le détournement par le maire de fonds municipaux à des fins personnelles et les liens qu'entretient Grigori Sokur avec le crime organisé. Le dernier article, intitulé 'Il n'y a plus de maire dans la ville', publié le 29 avril 2005 et qui évoque les malversations de la commission électorale, a probablement été l'élément déclencheur de cette nouvelle agression », a déclaré Mykahilo Kucherak à Reporters sans frontières. L'organisation a tenté sans succès de joindre au téléphone Grigori Sokur. Oberih est l'un des deux journaux privés de la ville, laquelle compte également deux journaux municipaux. Selon son rédacteur en chef, la rédaction de l'hebdomadaire a été remaniée trois fois en deux ans, en raison des menaces et pressions qui auraient également pesé sur les journalistes. Certains ont préféré quitter la rédaction, par peur des représailles.
Publié le
Updated on 20.01.2016