Alors que le verdict du procès des animateurs du Centre syrien pour les médias et la liberté d’expression (SCM) de Damas devrait être rendu le 31 août, Reporters sans frontières (RSF) considère que seule une justice voulant inspirer la terreur pourrait refuser leur acquittement.
“Les charges de terrorisme contre Mazen Darwish et ses collègues du SCM sont à l’évidence aberrantes, déclare Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF).
Les informations du Centre syrien pour les médias et la liberté d’expression (SCM) constituaient une référence pour les médias internationaux et étrangers dans un pays déchiré par la guerre. Ces journalistes et activistes des droits de l’Homme n’auraient jamais dû être emprisonnés. Si la justice syrienne ne procédait pas à leur acquittement, ce serait une action terroriste au sens propre, car entendant inspirer la terreur à tous les défenseurs de la liberté.”
Les trois animateurs du SCM, ainsi que leurs collègues
Mansour Omari et
Abd al-Rahman Hamada, libérés provisoirement en février 2013, sont poursuivis pour terrorisme.
Mazen Darwish, fondateur et président du centre, a été
libéré provisoirement le 10 août dernier, tandis que ses collègues,
Hani Al-Zitani et
Hussein Ghreer, avaient été libérés les 17 et 18 juillet dans des circonstances qui restent floues. RSF ignore si les journalistes ont bénéficié d’une
amnistie ayant déclenché la libération de quelques centaines de prisonniers à l’occasion de la fête du Fitr, ou s’il s’agit d’une décision judiciaire au même moment.
Mazen Darwich, lauréat du prix RSF, avait été arrêté avec plusieurs de ses collègues, dont Hani Al-Zitani et Hussein Ghreer, le 16 février 2012 à Damas, lors d’un raid dans les locaux du centre par des membres des services de Renseignement de l’armée de l’air. Durant leurs trois ans de détention arbitraire, ils ont été victimes de torture.
Selon les chiffres de Reporters sans frontières, au moins 30 journalistes et net-citoyens demeurent emprisonnés par le régime syrien. Plus de 29 autres reporters, dont neuf étrangers, sont toujours portés disparus ou otages aux mains de l’Etat islamique ou d’autres groupes extrémistes armés. La Syrie est le pays le plus dangereux au monde pour les journalistes et figure à la 177e place (sur 180) du
Classement 2015 établi par Reporters sans frontières.