Sept mois après sa libération, Ali Anouzla est toujours dans le collimateur de la justice

Sept mois après sa libération, Ali Anouzla demeure dans le collimateur de la justice. Son audition par le juge d’instruction, prévue ce 20 mai 2014, a été reportée à une date encore inconnue, par un simple appel téléphonique de la secrétaire du juge à l’avocat du journaliste, Maître Hassan Semlali, la veille de l’audition. La raison invoquée? Le juge serait parti en vacances…. Ali Anouzla, directeur de la version arabophone du site d’information Lakome, avait été arrêté le 17 septembre 2013 à Rabat pour avoir publié un lien vers un article du quotidien espagnol El Pais. Cet article renvoyait lui-même vers une vidéo attribuée au groupe Al-Qaeda au Maghreb islamique (AQMI). Libéré le 25 octobre après avoir passé plus de cinq semaines en “détention préventive”, Ali Anouzla reste cependant inculpé, entre autres, d’“assistance matérielle” et “apologie du terrorisme”, et encourt de dix à trente ans de réclusion criminelle. Par ailleurs, les versions arabophone et francophone du site Lakome sont toujours bloquées depuis le 17 octobre, malgré les demandes de levée du blocage introduites par le journaliste. Le 7 janvier 2014, il a en effet déposé une demande auprès de l’Agence Nationale de réglementation des télécommunications (ANRT) dans ce sens. L’ANRT a par la suite informé par téléphone le journaliste qu’il devait adresser une demande auprès du Parquet. Démarche introduite début janvier, mais restée sans réponse depuis. “Reporters sans frontières dénonce le report incessant des auditions d’Ali Anouzla par le juge d’instruction”, déclare Lucie Morillon, directrice de la recherche de l’organisation. “La justice marocaine fait volontairement traîner cette affaire en longueur. L’organisation demande aux autorités d’avoir le courage d’abandonner toutes les charges qui pèsent contre le journaliste et de clore une fois pour toutes ce dossier qui les embarasse à juste titre. Elles doivent également lever le blocage de son site”. Depuis la création de son comité de soutien, des journalistes et des defenseurs de la liberté de la presse ont entamé les démarches nécessaires pour la création d’une ONG de défense de la liberté de la presse au Maroc. Mais la préfecture de Rabat a refusé à deux reprises, les 9 et 12 mai 2014, d’enregistrer le dossier d’agrément de l'ONG Freedom Now. Ali Anouzla, un fervent défenseur de la liberté de la presse s’est vu décerner le prix POMED, de l'ONG américaine "Project on Middle East Democracy". Il figure également sur la liste des 100 héros de l’information, publiée par RSF à l’occasion de la journée mondiale de la liberté de la presse, le 3 mai 2014.
Publié le
Updated on 20.01.2016