Trois journalistes arrêtés, l’assistance d’une conférence de presse contrainte d’effacer tous ses enregistrements: en l’espace d’une semaine l’agence de sécurité somalienne s’en est à nouveau pris violemment à la liberté d’informer.
Il est le troisième journaliste arrêté en l’espace d’une semaine. Alors qu’il devrait couvrir une cérémonie à l'Académie de police de Mogadiscio dimanche 20 décembre,
Ahmed Omar Ahmed de Radio Shabelle a été empêché d'accéder au site. Transféré au poste de police de Hamar Jajab, les raisons de son arrestation n’ont à ce jour pas été communiquées.
La même semaine, jeudi 17, des membres de l'Agence de sécurité, la NISA (National Intelligence and Security Agency), avaient déjà arrêté Abdukar Mohamed Ali de Star FM ainsi que le journaliste freelance Abdirisak Omar Ahmed, dans un café de Mogadiscio. Le journaliste de Star FM a été relâché le lendemain, mais Abdirisak Omar Ahmed demeure, lui, détenu sans avoir vu un juge.
Quelques jours auparavant, le général Tuuryare, directeur de la NISA, avait confisqué l’ensemble du matériel des journalistes venus couvrir une conférence sur l'élection présidentielle, prévue pour 2016. Tous les enregistrements audio et vidéo avaient été effacés avant que le matériel ne soit restitué.
"Reporters sans frontières demande aux autorité somaliennes de respecter la liberté de la presse garantie par leur constitution et de cesser ce harcèlement contre les journalistes", déclare Cléa Kahn-Sriber, responsable du bureau Afrique de Reporters sans frontières,
"Les journalistes sont une cheville fondatrice de la démocratie et ils auront un rôle majeur à jouer pour informer la population en amont des élections de 2016. Il est essentiel qu'ils puissent travailler librement".
Les autorités somaliennes s’attaquent fréquemment aux médias privés. Radio Shabelle, lauréate du prix RSF pour la liberté de la presse en 2010, subit tout particulièrement les foudres des autorités somaliennes, qui ont fait fermer la station à deux reprises en
2013 et
2014 et
arrêtent régulièrement ses journalistes.
La Somalie occupe la 172eme place au
Classement 2015 de la liberté de la presse établi par RSF.