Un an après la disparition du journaliste de Radio Azotey, Enrique Galeano, le 4 février 2006, Reporters sans frontières est scandalisée par l'inaction des autorités. Comble du cynisme : un commissaire de police cité dans l'affaire et soupçonné d'accointances avec le narcotrafic s'apprête à recevoir une promotion.
Reporters sans frontières est scandalisée par le cynisme et l'inaction des autorités, un an après la disparition - et le probable assassinat -, le 4 février 2006, d'Enrique Galeano, journaliste de la station locale Radio Azotey.
“Le président Duarte Frutos avait reçu en personne des représentants du Syndicat des journalistes du Paraguay (SPP), et promis que toute la lumière serait faite sur la disparition d'Enrique Galeano. Pour quel résultat ? Un an après, aucune des personnes citées dans cette affaire n'a été entendue ni arrêtée. Faut-il y voir la triste confirmation des connivences que le journaliste avait révélées entre certaines autorités et le narcotrafic ? Reporters sans frontières s'associe aux manifestations d'hommage à Enrique Galeano et demande des explications au président Duarte Frutos. Un point sur l'enquête devait être adressé, il y a quatre mois, à la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH). Qu'en est-il aujourd'hui ?”, a déclaré l'organisation.
A l'initiative du SPP et d'autres organisations, une manifestation nationale est prévue, le 4 février 2007, à Yby Yaú, dans le département de Concepción (Centre), là où vivait et travaillait Enrique Galeano, un an jour pour jour après sa disparition.
Le journaliste de Radio Azotey avait couvert, peu de temps avant de disparaître, la saisie d'une cargaison d'armes de guerre et de cocaïne en présence du commissaire de district Osvaldo Núñez et du député du Parti Colorado (au pouvoir) Magdaleno Silva, tous deux soupçonnés d'accointances avec le chef du cartel brésilien “Cabeza Branca” (“tête blanche”), Luiz Carlos Da Rocha.
Arguant d'une histoire sentimentale, la police avait classé l'enquête sur la disparition d'Enrique Galeano au bout de trois mois. Le commissaire Osvaldo Núñez avait nié les informations du ministère de l'Intérieur selon lesquelles le journaliste, se sentant en danger, avait sollicité une protection policière. Selon le SPP, Osvaldo Núñez aurait donné l'ordre à ses subordonnés d'arrêter le journaliste avant de le livrer aux sbires du narcotrafiquant Luiz Carlos Da Rocha, qui l'auraient assassiné et jeté son corps dans un fleuve. Le 6 octobre, le président Duarte Frutos avait personnellement reçu une délégation du SPP et accédé officiellement à une demande de relance de l'enquête, sans résultat.
Un an après la disparition d'Enrique Galeano, Luiz Carlos Da Rocha est toujours en liberté, le député Magdaleno Silva toujours en fonction, et le commissaire Osvaldo Núñez a été cité au Sénat pour une promotion à un grade supérieur.