Des militants de Reporters sans frontières ont manifesté devant les stands de Cuba, de l'Egypte et de la Tunisie, au Salon mondial du tourisme, à Paris, le 15 mars 2007. "Nous avons choisi ces pays car ils sont des ennemis de la liberté de la presse, mais également des destinations privilégiées des touristes. Derrière les plages, on cache des journalistes ou des blogueurs emprisonnés", a déclaré l'organisation.
Des militants de Reporters sans frontières ont manifesté devant les stands de Cuba, de l'Egypte et de la Tunisie, à l'occasion du Mondial du tourisme, à Paris, le 15 mars 2007.
Une trentaine de membres et d'amis de l'organisation de défense de la liberté de la presse ont pénétré dans l'enceinte du salon pour déployer des banderoles et coller des affiches demandant la libération de journalistes et blogueurs emprisonnés, devant les stands des trois pays. Les manifestants ont entouré de rubalise (ruban de signalisation) le stand de la Tunisie et accroché des souris informatiques à celui de l'Egypte. Le stand de Cuba a été recouvert de bandes noires symbolisant des barreaux de prison. Les militants de l'organisation portaient des tee-shirts "Cuba = prison", "Tunisie = terre de répression" ou encore "Egypte = ennemie d'Internet".
"Nous avons choisi ces pays car ils sont des ennemis de la liberté de la presse, mais également des destinations privilégiées des touristes. Nous souhaitons ainsi attirer l'attention des millions de vacanciers qui se rendent chaque année à Cuba, en Egypte ou en Tunisie sur la situation des professionnels de l'information qui y travaillent. Les touristes doivent connaître l'envers du décor. Derrière les plages et les palmiers, on cache des journalistes ou des blogueurs emprisonnés, des médias harcelés et des familles intimidées", a déclaré Reporters sans frontières.
A Cuba, 25 journalistes sont actuellement derrière les barreaux. C'est la deuxième plus grande prison du monde pour les professionnels des médias, après la Chine. Plusieurs d'entre eux ont été condamnés à des peines de plus de vingt ans de prison et sont en très mauvaise santé. Quatre ans après le "printemps noir" de mars 2003, qui avait vu l'arrestation de 75 dissidents, la passation de pouvoir de Fidel Castro à son frère Raúl n'a rien changé dans cette véritable dictature paradisiaque. Les journalistes indépendants sont surveillés de près, tout comme les envoyés spéciaux étrangers. Trois de ces derniers ont récemment reçu l'ordre de quitter le pays parce que leurs articles ne plaisaient pas au pouvoir.
En Egypte, ce sont les blogueurs qui font les frais de la répression du pouvoir. L'un d'eux, Kareem Amer, a été condamné en février dernier à quatre ans de prison pour avoir "incité à la haine de l'islam" et "insulté" le président égyptien, Hosni Moubarak, sur son blog. Il avait critiqué les plus hautes institutions religieuses du pays, en particulier l'université sunnite Al-Azhar, dans laquelle il étudiait le droit. L'Egypte a été ajoutée, fin 2006, à la liste des "ennemis d'Internet". Cuba et la Tunisie y figurent également.
En Tunisie, les rares journalistes d'opposition sont étroitement surveillés et constamment empêchés de travailler. Toute la presse est à la solde du président Zine el-Abidine Ben Ali et de sa politique. Les autorités interdisent toujours la création de nouveaux médias indépendants et Internet est largement filtré. Un avocat, Mohammed Abbou, est emprisonné depuis deux ans simplement pour avoir publié sur le Web des articles critiques envers le chef de l'Etat.
Dans le dernier classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières, l'Egypte figurait en 133e position sur 167, la Tunisie était 148e et Cuba 165e.
D'autre pays, représentés au salon par leur office du tourisme ou leur compagnie aérienne, portent fréquemment atteinte aux droits des journalistes et à la liberté de la presse : l'Algérie, la Chine, la Libye, les Maldives, la Russie, la Syrie et le Viêt-nam.