Sakit Zahidov condamné à trois ans de prison, Reporters sans frontières dénonce une sanction politique

Le journaliste du quotidien Azadlig a été condamné aujourd'hui à trois ans d'emprisonnement au terme d'une instruction et d'un procès marqués par des irrégularités. Sakit Zahidov a déclaré qu'il continuerait de dénoncer la corruption des autorités de sa cellule.

Reporters sans frontières proteste vivement contre la condamnation à trois ans de prison du journaliste d'opposition Sakit Zahidov. L'organisation considère que cette décision a une motivation politique et demande sa libération immédiate. Le 4 octobre 2006, le journaliste du quotidien Azadlig a été condamné à trois ans de réclusion au terme d'un procès ouvert le 29 août dernier. Ce verdict intervient après une requalification de l'inculpation qui est désormais la «possession de drogue à des fins de consommation personnelle » (article 234.1 du code pénal) et non plus pour l' « achat d'une grande quantité de drogue dans le but de la revendre». Aucune preuve n'a cependant été apportée par l'accusation “Ce verdict illustre la teneur politique des poursuites engagées contre Sakit Zahidov. Il ne tient compte ni de l'incapacité de l'accusation à prouver l'usage de drogue, et la nature de celle-ci, ni des témoignages de la défense affirmant que Sakit Zahidov ne consommait pas de stupéfiant”, a déclaré Reporters sans fontières . Un comité de défense s'est constitué autour du journaliste et a contribué à mettre à jour de nombreuses irrégularités dans l'enquête, à commencer par les déclarations contradictoires de la police. Celle-ci avait d'abord affirmé avoir réalisé un test sanguin de dépistage de drogue, qui s'était révélé positif. L'audience du 21 septembre a pourtant fait apparaître qu'il s'agissait en réalité d'un test urinaire n'indiquant la présence d'aucun stupéfiant. Sakit Zahidov a toujours nié avoir consommé ou revendu de la drogue, et affirmé que les dix grammes d'héroïne trouvés sur lui avaient été glissés dans ses affaires par des policiers. Arrêté le 23 juin 2006 et détenu depuis, le journaliste a mené, du 25 juillet au 5 août, une grève de la faim en signe de protestation contre son incarcération. Il a perdu beaucoup de poids et sa santé s'est nettement dégradée. Le 3 octobre 2006, il a déclaré devant le tribunal que son arrestation n'avait pas réussi à l'empêcher d'écrire et qu'il continuerait à dénoncer la corruption du gouvernement même incarcéré. Il a également appelé les Azerbaïdjanais à “une lutte pacifique contre le gouvernement corrompu du président Ilham Aliev”. L'avocat de Sakit Zahidov a annoncé qu'il ferait appel de ce jugement, infondé et disporportionné, au regard notamment de la situation de famille de Sakit Zahidov, père de cinq enfants, et du fait qu'il s'agit de sa première condamnation.
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Updated on 20.01.2016