Saisie sans préavis d'un hebdomadaire indépendant

La police nigérienne a saisi, le 20 décembre, à Niamey, tous les exemplaires du journal privé Le Témoin, qui devait paraître le lendemain. Cette mesure n'a fait l'objet ni de déclaration officielle, ni d'avertissement préalable. « Il est incompréhensible que les autorités nigériennes prennent une décision si brutale et contraire à l'article 23 de la Loi fondamentale du pays, a déclaré Reporters sans frontières. Il s'agit d'un cas flagrant de censure qui est indigne d'une démocratie, d'autant qu'il intervient dans un contexte politique particulier, en pleine investiture du président réélu, Mamadou Tandja. L'article incriminé ne méritait pas une telle réaction », a conclu l'organisation. La saisie a été faite juste avant la publication d'un reportage sur trois militaires et un gendarme détenus par la rebellion touareg depuis cinq mois, sujet sensible aux yeux de l'Etat. L'article relatait leur bon état de santé et leurs conditions de détention. Selon le directeur de publication de l'hebdomadaire, Ibrahim Soumana Gaoh, joint par téléphone, une petite dizaine de policiers se sont introduits à la Nouvelle imprimerie du Niger (NIN) sans préavis ni mandat, pour saisir les 1 000 exemplaires déjà tirés et du matériel servant à la fabrication des journaux, dont les plaques d'impression offset. Ils se seraient comportés de manière agressive avec le directeur de l'imprimerie. D'après une source anonyme de M. Gaoh, le ministre de l'Intérieur aurait seulement ordonné oralement la saisie du journal aux gendarmes. En 1993, l'abolition de l'autorisation de publication au Niger et son remplacement par une simple déclaration au parquet du Procureur de la République avait permis une explosion des titres de presse. Le Témoin, créé en 2000, fait partie de la quinzaine de journaux privés qui ont réussi à subsister tant bien que mal dans le paysage médiatique nigérien.
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Updated on 20.01.2016