Sécurité des journalistes en débat à l'ONU : le constat unanime d’un manque de volonté politique des Etats

Le 11 juin s’est tenu à Genève, lors de la 26ème session du Conseil des droits de l’homme, un panel dédié à la sécurité des journalistes. Reporters sans frontières (RSF), qui émet régulièrement des recommandations sur la sécurité des journalistes, salue cette initiative, qui a permis aux intervenants, notamment M. Getachew Engida, directeur général adjoint de l’UNESCO, Mme Dunja Mijatovic, représentante de l’OSCE pour la liberté des médias, Monsieur Frank La Rue, rapporteur spécial des Nations unies pour la liberté d’opinion et d’expression, de rappeler aux Etats qu’ils sont pleinement responsables de la protection des journalistes. Un rappel nécessaire à l’heure où de nombreux journalistes sont devenus des cibles privilégies, dans des pays tels que la Syrie, l’Irak, la Centrafrique, le Mali ou le Pakistan. Voir ces dicussions Tout en soulignant que les normes internationales de protection des journalistes sont suffisantes, les intervenants ont dénoncé le manque de volonté politique et l’impunité dont bénéficient les agresseurs des journalistes. Ils ont également mis en avant la nécessité d’adapter les dispositifs législatifs locaux afin de mieux protéger la liberté de l’information et de mettre en place des mécanismes d’urgence de protection des journalistes. “Il est paradoxal de constater que lors de ce panel, s’est dégagé un consensus des Etats sur la nécessité de mieux protéger les journalistes, alors que le principal obstacle est précisément leur manque de volonté et d’action, déclare maître Prisca Orsonneau, coordinatrice du comité juridique de Reporters sans frontières. La lutte contre l’impunité doit être une priorité alors que le nombre de journalistes tués depuis ce début d’année s’élève à 26. Des enquêtes ne sont pas systématiquement ouvertes. Et quand elles le sont, elles n’aboutissent pas systématiquement à l’identification et à la condamnation des coupables”. Madame Mijatovic a regretté que de nombreux Etats ne collaborent pas suffisamment avec les ONG et les associations de journalistes. Elle a également dénoncé la chasse aux sorcières, qui s’exerce dans de nombreux pays contre les blogueurs. Frank La Rue a rappelé que la sécurité des journalistes est sous la responsabilité des Etats, quels que soit les auteurs des exactions. Il a appelé à l’adoption d’une Déclaration des Nations unies sur les journalistes, sur le modèle de celle existante pour les défenseurs des droits de l’homme ainsi qu’à la création au niveau national et régional de représentants spéciaux sur la liberté de l’information. A la suite de ce panel, RSF, en partenariat avec l’ONG Article 19, a organisé un side event sur la sécurité des journalistes. Le caricaturiste syrien soutenu par RSF, Hani Abbas, a apporté son témoignage.
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Updated on 25.01.2016