Russie : un journaliste ukrainien condamné à douze ans de prison pour “espionnage”
Après la condamnation à douze ans de camp à régime sévère pour “espionnage” du journaliste ukrainien Roman Souchtchenko, Reporters sans frontières (RSF) dénonce une grave sentence rendue au terme d’un procès opaque de bout en bout.
Читать на русском / Lire en russe
Le seul moment du procès ouvert au public aura été l’énoncé du verdict : le journaliste ukrainien Roman Souchtchenko a été condamné à douze ans de camp à régime sévère pour “espionnage”, le 4 juin 2018 à Moscou. Correspondant à Paris de l’agence de presse Ukrinform, il avait été arrêté en septembre 2016 alors qu’il rendait visite à un ami en Russie. Les services secrets russes (FSB) assurent qu’il était en réalité en mission pour le renseignement ukrainien.
En un an et demi de détention provisoire, jamais les autorités russes n’ont publiquement expliqué ce qui justifiait l’accusation d’avoir “rassemblé des informations confidentielles sur les activités des forces armées et de la Garde nationale russe". L’essentiel de l’acte d’accusation est classé secret-défense. Le procès s’est tenu à huis clos depuis son ouverture en mars.
“Cette condamnation des plus sévères a été rendue au terme d’un procès secret de bout en bout, souligne Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l’est et Asie centrale. Si elles ne peuvent produire aucune preuve crédible de la culpabilité du journaliste, les autorités russes doivent le relâcher sans délai.”
Les proches de Roman Souchtchenko et le consulat ukrainien n’avaient été officiellement informés de son arrestation que trois jours plus tard, après qu’une défenseure des droits humains avait découvert par hasard sa présence au centre de détention de Lefortovo.
L’avocat du journaliste, Mark Feïguine, a expliqué que son dernier espoir était que son client puisse être échangé avec le journaliste Kyrylo Vychynski, arrêté à Kiev en mai 2018 et accusé de “haute trahison”.