RSFBlog piraté : Un militant des droits de l'homme réduit au silence

Reporters sans frontières condamne le piratage, dans la nuit du 3 au 4 septembre, de deux blogs situés sur la plateforme RSFblog. L’un d’eux (http://tunisiawatch.rsfblog.org/) est celui de l’ancien juge et militant des droits de l’homme Mokhtar Yahiaoui. Les deux pages qui y étaient associées (http://yahyaoui.rsfblog.org/ et http://mytunisie.rsfblog.org/) ont également subi des "hackings". L’autre blog (http://www.moncefmarzouki.com/) est celui d’un opposant tunisien, le Dr Monef Marzouki. "L’organisation réprouve ces méthodes à l’encontre des blogueurs, qui entravent leur liberté d’expression sur des sites hébergés à l’étranger. Ce "hacking" ciblé semble être une vengeance à des déclarations des blogueurs à Reporters sans frontières", a déclaré l’organisation. ------------------------------------------------------ Reporters sans frontières dénonce le piratage de la page Facebook de l’ancien juge et militant des droits de l’homme, Mokhtar Yahiaoui. Son blog est également censuré en Tunisie. "Nous déplorons le piratage fréquent de nombreuses pages Facebook en Tunisie, dont celle de Mokhtar Yahiaoui, ainsi que la censure de son blog. Les attaques semblent être liées à son travail sur les affaires judiciaires et la situation des droits de l’homme. Les autorités doivent mettre fin à ces pressions inacceptables", déclare l’organisation. La page Facebook de Mokhtar Yahiaoui est aux mains de hackers depuis le 27 août 2009, date de l’annonce de la candidature du président Ben Ali pour un cinquième mandat, après vingt-deux ans de pouvoir. L’ancien juge n’a plus accès à son compte Facebook, dont tous les articles critiques ont été supprimés. Parmi ceux-ci figuraient des articles des quotidiens français Le Canard Enchaîné et Le Monde, des liens et des commentaires politiques. Par ailleurs, les pirates postent sur son compte Facebook, et donc sous son nom, des diffamations à l’encontre d’opposants tunisiens basés en Europe. Mokhtar Yahiaoui écrit régulièrement sur son blog (http://tunisiawatch.rsfblog.org/) sur la politique en Tunisie et les affaires judiciaires. Ainsi, le 9 août 2009, il avait posté un article de l’hebdomadaire français Le Journal du Dimanche sur l’affaire du trafic des bateaux de luxe mettant en cause deux neveux du président de la République, Moez et Mohamed Imed Trabelsi. Le 27 août 2009, il avait posté un article relatif à l’enquête de la Fédération internationale des journalistes (FIJ) sur la direction pro-gouvernementale installée à la tête du syndicat des journalistes. Si les tentatives de piratage du blog n’ont pas abouti, celui-ci est néanmoins censuré en Tunisie. Avocat auprès du bareau de Tunis, il est le fondateur du Centre tunisien pour l’indépendance de la justice (CTIJ) qui a dû cesser ses activités sous les menaces. Il est également membre de l’Association internationale de soutien aux prisonniers politiques (AISPP) qui travaille dans des conditions difficiles. Le 29 décembre 2004, Mokhtar Yahiaoui avait été révoqué de sa fonction de magistrat pour avoir publié une lettre critique adressée au président de la République et au Conseil supérieur de la magistrature concernant l’indépendance de la justice. Il lui est interdit de quitter la Tunisie depuis juillet 2001. Reporters sans frontières rappelle que la Tunisie est située à la 143e place sur 173, dans le classement mondial 2008 de la liberté de la presse établi par l’organisation.
Publié le
Updated on 20.01.2016