RSF soulagée d’apprendre la fin du harcèlement judiciaire contre James Risen
Reporters sans frontières a appris avec soulagement que le journaliste du New York Times James Risen ne sera pas appeler à témoigner dans le procès de l’ancien agent de la CIA, Jeffrey Sterling. Ce dernier était accusé de lui avoir transmis des informations classifiées.
Avec la décision annoncé le 12 janvier 2015 de ne pas appeler James Risen à témoigner dans le procès de Jeffrey Sterling, c’est une longue bataille judiciaire qui prend fin. Un bras de fer de sept ans qui a opposé la justice américaine au journaliste qui refusait de révéler ses sources. Spécialisé dans la couverture d’affaires liées à la sécurité nationale, le journaliste d’investigation du New York Times se trouvait dans le collimateur du Département de justice des Etats-Unis depuis 2008, dans le cadre d’un procès contre l’ancien agent de la CIA, Jeffrey Sterling, pour violation de l’Espionnage Act. James Risen a été assigné à comparaître en justice pour déterminer si Jeffrey Sterling était à l’origine de la fuite d’informations confidentielles publiées dans son livre « State of War : The Secret History of the CIA and the Bush Administration » (L’État de guerre : l’histoire secrète de la CIA et l’administration Bush). Cette enquête révèle une opération secrète au cours de laquelle les services de renseignement américains ont tenté de fournir des plans d’armes nucléaires défectueuses à des officiels iraniens.
Après qu’une Cour de Virginie a décidé qu’il devait témoigner, le journaliste a fait appel à la Cour suprême des Etats-Unis, mais celle-ci a refusé de se saisir de son cas lors d’une décision émise le 2 juin 2014. Le Département de justice a toutefois fini par déclarer, le 16 décembre 2014, que les procureurs n’allaient pas le forcer à révéler l’identité de ses sources. Le 5 janvier 2015, James Risen a été assigné à témoigner lors d’une audience préliminaire au procès de Jeffrey Sterling, lors de laquelle il a réitéré sa volonté de préserver l’identité de ses sources. Les procureurs ont alors affirmé qu’ils ne l’appelleront pas à témoigner dans le procès de l’ancien agent de la CIA qui a commencé cette semaine.
«Reporters sans frontières est soulagée d’apprendre la fin du harcèlement judiciaire contre James Risen, déclare Claire San Filippo la responsable du bureau Amériques de l’organisation. Il est cependant inadmissible qu’un journaliste doive mener une telle bataille judiciaire pour préserver le secret de ses sources. Nous sommes également très inquiets de la fréquence, sans précédent, des procédures engagées par le gouvernement américain à l’encontre de lanceurs d’alerte.”
Huit lanceurs d’alerte, dont l’ancien technicien de la NSA Edward Snowden et du soldat Bradley Manning, ont été poursuivis sur la base de l’Espionage Act depuis l’entrée en fonction du président Barack Obama. Sous les administrations précédentes, l’Espionage Act n’avait été utilisé, depuis son adoption au 15 juin 1917, qu’à trois reprises pour des affaires de fuites. Au mépris des principes du Premier amendement, cette chasse aux sources pèse directement sur l’activité des journalistes sur lesquels rejaillit le soupçon d’attenter à la sécurité du pays.
Une loi bouclier garantirait aux journalistes le droit de ne pas divulguer de données confidentielles sur leur travail ni l’identité de leur source. La confidentialité des sources est vitale pour la profession. Sans cette protection, aucun informateur n’osera se manifester et la vérité sur certains événements polémiques ne sera jamais mis au jour.
Les États-Unis sont 46ème sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2014 établi par Reporters sans frontières, et ont perdu 13 places par rapport à l’édition 2013.