RSF saisit la Media Freedom Coalition de la détention arbitraire de Narges Mohammadi, journaliste et prix Nobel de la paix
À l'occasion de la Journée internationale des droits de l'Homme, le 10 décembre, Reporters sans frontières (RSF) appelle la Media Freedom Coalition (MFC), partenariat de 50 États engagés pour la défense de la liberté des médias, à agir pour mettre fin à la détention arbitraire de la journaliste iranienne, défenseure des droits de l'homme et lauréate du prix Nobel de la paix 2023, Narges Mohammadi.
La saisine formelle à la MFC a été envoyée le 8 décembre. RSF demande à la Coalition de prendre toutes les mesures nécessaires vis-à-vis du gouvernement iranien, afin d'obtenir la libération de la journaliste et défenseure des droits de l’homme Narges Mohammadi et, d’ici là, l'amélioration de ses conditions de détention. Le document détaille le calvaire judiciaire qu'elle traverse depuis 1998 – année de sa première arrestation – et démontre le caractère arbitraire de sa détention prolongée ainsi que l'aggravation de ses conditions d’emprisonnement, en particulier le refus des soins médicaux dont elle a urgemment besoin.
"Les États membres de la MFC, et la coalition dans son ensemble, doivent peser de tout leur poids pour amener l'Iran à mettre fin à plus de 20 ans de harcèlement judiciaire contre Narges Mohammadi, en raison de son combat pour la liberté d'expression et la liberté de la presse dans son pays. Tous les efforts diplomatiques doivent être tentés pour la sortir enfin de prison et assurer sa sécurité physique en détention. En cette date symbolique, il est plus que jamais nécessaire que la coalition agisse pour libérer cette infatigable défenseure de la liberté de la presse et des droits humains.
Lauréate du prix RSF du courage 2022 et du prix Nobel de la paix 2023, Narges Mohammadi fait l'objet d’un harcèlement judiciaire constant et de condamnations successives par les autorités iraniennes depuis 1998 pour avoir exercé ses activités de journaliste et défendu les droits de l'homme dans le pays. À ce jour, elle doit encore purger près de 10 ans de prison, qui s’ajoutent à une peine de 154 coups de fouet.
Depuis le décès de Mahsa Amini le 16 septembre 2022 et le début du mouvement “Femmes, vie, liberté” qui s’en est suivi, Narges Mohammadi a subi de nombreuses représailles en prison, et ses conditions de détention se sont détériorées. Outre l'interdiction de contacter son mari et ses enfants, avec qui elle n'a pas parlé depuis des mois et qu'elle n'a pas vus depuis huit ans, Narges Mohammadi a été battue et placée plusieurs fois à l’isolement, et se voit fréquemment refuser l'accès à des soins médicaux.
La MFC a été créée en juillet 2019 à l'initiative du Royaume-Uni et du Canada. Les organisations de la société civile membres du réseau consultatif de la MFC, telles que RSF, peuvent la saisir de situations particulièrement graves ou des cas individuels, comme la détention arbitraire.
La Journée internationale des droits de l'Homme du 10 décembre, date anniversaire de l'adoption de la Déclaration universelle des droits de l'Homme, doit être l'occasion pour les États du monde entier attachés au respect des droits fondamentaux d'agir pour promouvoir ces droits et de défendre ceux qui les incarnent. Narges Mohammadi, une infatigable défenseure du droit à la liberté d'expression et de la liberté de la presse dans son pays, est l’incarnation de la lutte pour les droits de l'homme. Tout particulièrement en cette date symbolique du 10 décembre, la coalition d’États qui a pour vocation la promotion de la liberté des médias qu’est la MFC doit agir en sa faveur.