Reporters sans frontières (RSF) appelle à la libération immédiate du photojournaliste égyptien Mahmoud Abu Zeid et demande l’abandon de toutes les charges qui pèsent contre lui, à quelques jours de sa nouvelle comparution devant un juge, le 17 août, et alors qu’il aura effectué le 14 août deux ans de détention provisoire.
Plus connu sous le pseudonyme de «
Shawkan »,
Mahmoud Abu Zeid, 28 ans, est détenu à la prison de Tora au Caire depuis son arrestation le 14 août 2013, alors qu’il couvrait les affrontements entre les forces de l’ordre et les manifestants pro-Morsi de la place Rabiaa Al-Awadiya pour les agences Demotix et Corbix.
«
La santé –déjà fragile– du jeune photojournaliste ne cesse de se détériorer en raison des conditions d’incarcération dont il souffre depuis deux ans, s’inquiète Lucie Morillon, directrice des programmes de Reporters sans frontières.
Il subit l’une des plus longues détentions provisoires de l’histoire du pays en ayant déjà passé plus de 700 jours en prison sans qu’aucune charge officielle ne soit retenue contre lui. Cette situation intolérable doit cesser au plus vite. Shawkan doit recouvrer la liberté sans délai supplémentaire. Nous n’attendons pas moins de la nouvelle audience de son procès qui doit se tenir le 17 août.»
Epuisé physiquement et moralement par deux ans de détention, Mahmoud Abu Zeid
compare sa situation en prison à «
un trou noir où toutes les choses se ressemblent, où tout est noir ».
«
Aujourd’hui en Egypte, faire du journalisme est devenu un crime. Le journaliste peut être condamné à de la prison à vie ou croupir en détention préventive pendant des années. L’Egypte est le seul pays où un journaliste est perçu comme un protagoniste politique », a-t-il écrit récemment du fond de sa cellule.
« Shawkan » souffre d’une hépatite qui ne cesse de s’aggraver par manque d’accès à un traitement médical et à cause des conditions de détention difficiles et des mauvais traitements qu’il a subis.
D’autres journalistes sont poursuivis pour «
soutien à une organisation terroriste » et diffusion de «
fausses nouvelles », un argument fallacieux qu’utilise le régime égyptien du maréchal Sissi pour museler les journalistes et empêcher toute émergence d’un débat public libre et diversifié.
Il y a quelques jours, le second procès des journalistes égyptiens d’Al-Jazeera lancé en février dernier a ainsi été
reporté pour la dixième fois. Il met en cause
Mohamed Fadel Fahmy et
Baher Mohamed, libérés provisoirement en février 2015, ainsi que leur collègue australien
Peter Greste, expulsé vers son pays d’origine.
Classée
158e sur 180 pays au Classement mondial 2015 de la liberté de la presse, l’Egypte est aujourd’hui l’une des plus grandes prisons du monde pour les journalistes, après la Chine, l’Erythrée et l’Iran. Au moins quinze journalistes sont détenus pour avoir simplement exercé leur mission d’information.