RSF s’inquiète d’une vague d’alertes à la bombe envoyées au nom de journalistes basés en Europe qui enquêtent sur la Chine
Reporters sans frontières (RSF) dénonce une récente vague de fausses alertes à la bombe envoyées au nom de deux journalistes basés en Allemagne et aux Pays-Bas qui enquêtent sur la Chine, et demande aux autorités concernées de diligenter des enquêtes approfondies afin d'identifier les responsables.
Marije Vlaskamp, journaliste néerlandaise au sein du quotidien de Volkskrant et qui enquête sur le dissident chinois Wang Jingyu, a récemment révélé qu’un informateur anonyme l’avait accusé de vouloir faire exploser une bombe près des ambassades chinoises à La Haye (Pays-Bas) et à Oslo (Norvège) en octobre 2022. La journaliste a aussi reçu une confirmation de réservation qu'elle n’a jamais effectuée pour un hôtel situé près de l'ambassade de Chine à La Haye et a été harcelée en ligne par un inconnu qui lui a intimé de cesser ses reportages sur le dissident.
Su Yutong, une journaliste chinoise installée en Allemagne et qui enquête sur le même dissident pour le média Radio Free Asia, a été victime d'actes de harcèlement similaires en février 2023, incluant des appels anonyme adressés à la police l’accusant de préparer des attaques à la bombe, et réservant des hôtels à son nom dans une dizaine d'hôtels à Berlin (Allemagne), New York, Houston, Los Angeles (États-Unis), Istanbul (Turquie), Hong Kong et Macao (Chine).
"Ces méthodes particulièrement vicieuses, bien qu'anonymes, portent toutes les caractéristiques des tactiques d’intimidation du régime chinois. Nous appelons les autorités allemandes et néerlandaises à diligenter des enquêtes approfondies et transparentes afin d’identifier et punir les auteurs de ces actes insidieux.
Après que la police néerlandaise a relié les menaces à des adresses IP localisées en Chine et à Hong Kong, le ministère des Affaires étrangères des Pays-Bas a annoncé avoir demandé à Pékin des “éclaircissements”. Dans le même temps, le nom de l’activiste sino-américain Bob Fu, qui a aidé Wang Jingyu à s’installer aux Pays-Bas, a également été cité dans au moins trois alertes à la bombe reçues par des hôtels de luxe dans différentes villes des États-Unis.
Dans un précédent rapport, publié en 2019 et intitulé Le nouvel ordre mondial des médias selon la Chine, RSF dénonçait les manœuvres du régime de Pékin pour exporter sa vision répressive de l’information.
La Chine occupe le 175e rang sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse 2022 établi par RSF et représente la plus grande prison au monde pour les journalistes.